Les Chroniques de l'Imaginaire

Litha (Aliénor McKanaghan - 1) - Constant, Laetitia

Aliénor est une jeune femme normale. Enfin, à priori. Sauf que ses parents ne le sont pas. Complètement obsédés par la sécurité de leur fille, ils lui apprennent à manier les armes et à connaître beaucoup d'arts martiaux afin qu'elle puisse se défendre lorsque cela sera nécessaire. Mais se défendre face à qui et quand ? Aliénor l'ignore et profite d'une vie insouciante pour passer du temps avec ses amis tout en acceptant le délire de ses parents. Mais lorsqu'ils s'en vont et la laissent seule quelques jours après qu'elle ait eu dix huit ans, Aliénor découvre qu'un homme la suit et semble guetter ses moindres faits et gestes. Le bel homme va également sauver la vie d'une pauvre jeune fille sous les yeux horrifiés d'Aliénor qui comprend enfin qui elle est et surtout l'absence de ses parents, partis depuis peu pour une mission dont ils taisent la nature.

Ce premier opus d'Aliénor McKanaghan est une lecture distrayante. J'y ai trouvé de bonnes choses, mais aussi de moins bonnes choses ce qui fait que mon avis sera en demi-teinte. L'auteur avait de bonnes idées, mais j'ai eu la sensation que finalement, ce n'était pas suffisamment développé (288 pages étant très rapides) et j'aurais aimé quelque chose de plus pointilleux à bien des niveaux. L'histoire repose sur du déjà-vu et j'ai trouvé de nombreuses similitudes avec Buffy contre les vampires, pour l'aspect « élue de la prophétie » qui tombe amoureuse d'un vampire et pourtant lutte contre les démons aidée par des sorcières. Le topo pourrait grosso modo être résumé à cela, mais il y a d'autres choses à côté qui n'auront rien de similaire à la série de ma jeunesse.

L'auteur nous propose de nous mettre dans le corps d'Aliénor pour mieux la comprendre. On va donc vivre l'histoire à sa place, comme si c'était nous qui décidions de sa vie. L'avantage c'est qu'on se sent proche de la jeune femme et qu'on sera moins enclin à la juger puisqu'on comprendra ses émotions et pensées. Seulement, parfois, elle agit comme une fille un peu trop centrée sur elle et écervelée. Aliénor a dix-huit ans, semble être une jeune fille très belle, chef des pom-pom girls pour couronner le tout, mais surtout elle se montre un peu capricieuse et on a du mal à se dire qu'à son âge, elle n'ait jamais bu d'alcool, surtout avec les fêtes que donnent les jeunes de son lycée. On a les amis de toujours qui sont depuis des lustres auprès d'elle et qui du jour au lendemain vont presque accepter de la voir devenir selon eux complètement folle. Si vraiment ils sont ses amis, je pense qu'à un moment donné, ils l'auraient choppé entre quatre yeux pour lui demander de cesser ses conneries. Elle change de fréquentations et se rapproche des deux sœurs les plus flippantes du lycée (on comprendra pourquoi, mais je suis restée sceptique tout de même), un mec plus vieux va du jour au lendemain la suivre partout et cela ne va inquiéter personne surtout vu l'apparence du mec en question. On pourrait se poser des questions sur son rôle dans le changement de comportement d'Aliénor. On pourrait même avoir des suspicions sur le fait qu'elle se drogue parce que, avec son changement d'apparence physique, cheveux plus courts, look quasi gothique, cernes noires sous les yeux et absences en cours, les « vrais » amis auraient tiré la sonnette d'alarme, surtout face au drame qu'elle va vivre !

On dira donc que le côté personnages secondaires ne m'aura pas convaincu. Les personnages sont trop lisses et acceptent de croire tout ce que leur dit l'héroïne. Y'a un moment où cela n'est plus possible du tout. Milàn m'a plu, un peu. J'ai trouvé que son personnage avait du potentiel, mais qu'il était mal exploité. Genre, il arrive à tuer à peu près tout le monde sans effort. Genre, il a des centaines d'années et il tombe sous le charme d'une gamine de dix-huit ans (et oui, encore ce problème d'homme mûr d'âge qui se fait une jeunette) et puis surtout il parvient à faire cesser une presque apocalypse zombie sans se fatiguer et en s'amusant tandis qu'un autre personnage y subit un drame... Pas très crédible, à tel point que j'imaginais Milàn dansant un tango en dézinguant à tout va ses ennemis !

Après, honnêtement, le roman n'est pas mauvais du tout. Je pense qu'il a vraiment besoin d'être approfondi et d'ailleurs il me semble que ce premier opus est en fait la moitié du premier tome paru précédemment chez Rebelle (J'ai lu a divisé le premier tome en deux semble-t-il). Après, j'avais tout de même très envie de savoir comment l'auteur allait tourner certains événements. Son style y est pour beaucoup et permet de rendre la lecture agréable et rapide. J'avoue qu'après une cinquantaine de pages, j'étais totalement démotivée à le finir parce qu'il manquait de peps. Mais j'ai persévéré et j'ai bien fait puisque la seconde partie est plus intéressante une fois qu'on a des révélations sur la nature d'Aliénor et de ses proches.

Le plus gros défaut de ce premier opus reste la romance trop stéréotypée et déjà-vu et je pense que l'auteur aurait pu tourner ça différemment. Maintenant, je ne me suis pas arrêtée à ce thème du roman et j'aurais aimé que la bataille de la fin soit plus longue, parce qu'en fin de compte le roman va trop vite pour tout : la romance, les batailles, les révélations, les voyages. Tout semble sur accélérateur.

Je serais néanmoins au rendez-vous pour le prochain opus pour voir comment l'auteur tourne les prochains événements et j’espère du rebondissement à gogo !