Les Chroniques de l'Imaginaire

La Grande Guerre - Collectif

La première guerre mondiale devait être la dernière, la der des ders. Elle a fait 16 millions de victimes, gagnant ainsi le triste titre de conflit le plus meurtrier.

A l'origine de ce recueil, il y a onze écrivains, d’univers différents, réunis autour d’un même thème : la Grande Guerre. Chacun a dû choisir un objet emblématique de cette période et s’en inspirer afin d’inventer une histoire. Le résultat final est un ouvrage splendide, parfaitement mis en images par Jim Kay qui nous offre des illustrations noir et blanc d’une grande maîtrise et d'une belle justesse, dont l'aspect sombre rend à merveille l'atmosphère dramatique des événements. A la fin, on découvre les objets qui ont inspirés les auteurs ainsi qu’une courte biographie de chacun d’eux.

Si le point de départ est commun, chaque auteur l’a traité à sa manière, dans un style qui lui est propre.
Certains ont choisi de placer leur histoire à notre époque, comme Michael Morpurgo avec Notre Jacko qui est un magnifique exemple du devoir de mémoire ou N’appelez pas ça « gloire » qui nous montre la stupidité de tout conflit.
D’autres, à l’image d’A.L. Kennedy dans Une autre façon d’être disparu, placent leurs héros au coeur du conflit ou plutôt à l’arrière puisque la totalité des nouvelles de cet ouvrage nous parlent des autres, de la famille, des femmes, des enfants, de tous ceux qui étaient au loin et attendaient avec angoisse des nouvelles de leurs proches au front. Comme dans Capitaine Rosalie de Timothée de Fombelle, histoire bouleversante d’une petite fille de cinq ans qui va apprendre à lire pour avoir le bonheur de déchiffrer seule les lettres de son papa… sans se douter de ce qu’elle va découvrir. Ou Chaque lent crépuscule de Sheena Wilkinson qui nous invite à partager l’angoisse de collégiens apprenant la disparition d’anciens camarades.
Avec Quand on en aurait le plus besoin de Tracy Chevalier, on découvre un épisode bien particulier, cette idée de la Princesse Mary d’offrir un présent de Noël à tous les soldats au front sous la forme d’une petite boite. Même chose pour L’histoire de Maud d'Adèle Geras ou la fabrication d’une assiette à beurre destinée à rappeler l’effort de guerre nécessaire par tous.
Toutes s’intéressent plus particulièrement à ceux qui restaient à l’exception de Un harlem Hellfighter et son cor qui nous invite à découvrir comment un gosse noir de Harlem s’est retrouvé intégré au sein d’un orchestre parti en Europe soutenir les troupes.

Les histoires ne m’ont pas toutes touchée de la même manière mais chacune d’elles nous offre une vision particulière de cet événement historique majeur avec une idée identique en trame de fond : se souvenir. D'ailleurs, je retiendrais cette citation tirée de la nouvelle de Marcus Segdwick : Souvenez-vous-en si vous voulez et, si c’est le cas, souvenez-vous-en comme vous le désirez. Mais n’appelez pas ça « gloire ». Un magnifique ouvrage à placer entre toutes les mains, à partir de douze ans.