Jean est un trentenaire employé municipal, un peu homme à tout faire, dans une petite ville de province où il ne se passe pas grand chose... Les journées s'écoulent, tranquillement, et Jean passe ses journées à travailler, pas trop quand même, avec des collègues souvent plus âgés que lui. Côté cur, c'est le grand désert, et le fait de vivre loin de tout n'aide pas vraiment.
Mais Jean s'est trouvé une échappatoire à cette vie trop tranquille, qui ne lui convient pas encore. Et cette échappatoire, c'est le web... Ainsi, Jean passe une bonne partie de ses soirées, de ses week-ends et de ses nuits à chercher des gens du monde entier avec qui parler. A battre des records sur des jeux vidéos à l'intérêt plus que limité. A télécharger et mater des vidéos de tous genres, films pornographiques inclus, bien entendu.
Alors, ses collègues plus âgés ont franchement de plus en plus de mal à le comprendre. Pourquoi Jean passe plus de temps à jouer à Counter Strike et à discuter avec des types du Wyoming, au lieu de venir s'en jeter un avec ses collègues au bar du coin ? D'autant que Carine, une étudiante revenue de Paris, y est maintenant serveuse à ses heures. Et Carine est vraiment jolie, c'est une vraie personne, qui pourrait peut-être bien bousculer le quotidien de Jean, qui sait ?
Grégory Mardon et Thomas Cadène portent un regard assez incisif sur les habitudes de plus en plus présentes chez pas mal de geeks dans notre société actuelle. Il y est tout de même question de tacler les gens accros à Facebook et autres Twitter, qui ne peuvent s'empêcher de vivre au rythme des likes faits sur des articles souvent sans intérêt. Et il faut bien reconnaître que le regard en question est plutôt réaliste, faisant parfaitement mouche, même si le trait est volontairement tiré. Encore que...
Les dessins de Grégory Mardon, alternant entre la vie réelle et la vie numérique, sont parfaitement adaptés à cette histoire. C'est simple, lisible : l'auteur de L'échappée, Le fils de l'ogre ou Sarah Cole va à l'essentiel, comme d'habitude.
Une vision réaliste et pour le moins inquiétante, et ce parce qu'elle sonne parfaitement juste, et qu'on ne voit pas bien comment cela pourra s'améliorer. Vive la vraie vie !