Lady S. a maintenant quitté les agences d'espionnage et les passés mystérieux, pour devenir Shanya Rivkas, une charmante femme qui travaille dans une ONG, et qui se trouve pour cela à Genève, au palais des Nations. Là, l'ex-espionne tombe sur Conrad, lui-même espion de son état. Les deux jeunes gens se sont connus, et voilà qu'ils s'apprêtent à tromper leur solitude, à Genève...
Mais les retrouvailles chaleureuses sont de courte durée, d'autant que Shanya va assister à une scène hallucinante... Elle voit un homme fuir et être embarqué par des agents, dont Conrad. Le fuyard en question la trouble vraiment, puisqu'il a une ressemblance frappante avec Anton, un ami d'enfance qu'elle a vu tomber dans l'eau glacée, il y a bien longtemps...
Alors, Shanya va retrouver ses réflexes. Bientôt, et grâce à Conrad, elle va apprendre que celui qu'elle pense être son ami d'enfance a été emmené à Guantanamo... Là, celui qui se fait appeler Radimir Tchersaïev subit des interrogatoires musclés... Anton, car c'est bien de lui qu'il s'agit, est pris pour un terroriste, malgré lui... Il sera d'abord très surpris de voir Shanya venir à Guantanamo avec un avocat, afin d'être la traductrice des échanges. Un moment troublant, sur fond d'attaque terroriste sur le territoire même de Guantanamo !
Depuis deux tomes à présent, c'est Philippe Aymond seul qui est aux commandes de la série Lady S.. Exit donc Jean Van Hamme après les neuf premiers tomes, et nous avons là l'occasion de voir ce que donne un dessinateur qui prend le costume d'un des meilleurs scénaristes contemporains de la bande dessinée...
Au niveau des dessins, cela reste tout à fait réussi : c'est beau, détaillé, les personnages, aux expressions riches et convaincantes, deviennent très crédibles et attachants, et il faut bien reconnaître que Shanya est toujours aussi craquante sous les crayons de Philippe Aymond.
Au niveau du scénario, c'est assez inégal : l'auteur reste dans une actualité brûlante en gardant un fond de terrorisme international, et mettre un lieu comme Guantanamo (sur fond de relations entre Cuba et les États-Unis) reste une excellente idée. Faire évoluer Shanya dans ce milieu est une chose ardue, mais force est de constater que Philippe Aymond s'en sort plutôt bien, si on excepte une ou deux facilités scénaristiques qui devront être gommées dans les prochains exercices.
Un onzième tome qui m'a personnellement convaincu par sa richesse graphique et au niveau du récit. Le rythme est plutôt bon et, même si on trouve des erreurs de jeunesse, on gardera beaucoup de positif : vivement la suite en tout cas !