Les Chroniques de l'Imaginaire

Le cercle du crépuscule (Le cercle du crépuscule - 1) - Andrews, Kristin & Andrews, Fanelly

Alors qu’elle a toujours vécu à Paris, Éléonore Lavallée est contrainte de suivre sa mère qui retourne dans son village natal, au fin fond de la Lozère. Nouvelle au lycée, elle fait rapidement connaissance de personnes sympathiques, voire très sympathiques, mais aussi d’autres qui le sont moins. L’ambiance est lourde suite à la disparition d’une jeune fille qui n’a pas été retrouvée.
Bientôt, les événements curieux s’enchaînent. Éléonore découvre qu’elle appartient à une lignée de sorcières et que les environs grouillent de dangereux loups-garous. Une prophétie est sur le point de s’accomplir, et Éléonore en est, à son corps défendant, partie prenante. Parviendra-t-elle à sauver les siens ?

Dans le cadre de mes activités de chroniqueuse littéraire, je lis régulièrement des ouvrages auto-édités proposés par des auteurs enthousiastes mais pas forcément bien inspirés. C’est plus souvent navrant qu’agréable, mais dans ma naïveté je ne désespère pas de tomber un jour sur une perle rare. Hélas, cette fois encore j’ai vécu une lecture particulièrement laborieuse, et j’ai eu bien du mal à aller au bout, même en l’ingurgitant à petites doses : si je ne m’étais pas engagée à donner mon avis sur ce roman, je l’aurais abandonné sans regret dès le premier chapitre.

Le style est plat, sans saveur. Le vocabulaire est limité et répété à outrance. Je ne suis pas adepte de textes recherchés, artificiellement travaillés et torturés à en devenir illisibles, mais là on est dans l’excès inverse. C’est pauvre, très pauvre. Par exemple, je suis certaine qu’il y avait sûrement moyen d’éviter d’utiliser le mot « truc » à tout-va (j’ai compté 47 occurrences, soit plus d’une par chapitre). Même les noms propres manquent d’originalité : on est vite lassés des Pierre et Paul, des Dubois, Dulac et Deslandes…
Mais surtout, il manque une relecture digne de ce nom. Le texte fourmille de fautes d’accord, de conjugaison, voire de frappe… Il peut y avoir jusqu'à deux ou trois fautes dans la même phrase !
Et la ponctuation ? Les virgules en trop ou en pas assez rendent les phrases difficiles à comprendre. Les auteures semblent ignorer que les points d’exclamation, pour conserver leur effet sur le lecteur, doivent être utilisés avec parcimonie ; elles en usent et abusent à tour de bras, systématiquement dans les dialogues mais également dans le corps du texte, avec jusqu'à 7 ou 8 phrases d’affilée se terminant ainsi.
Alors que j’apprécie généralement la présence de dialogues pour aérer un texte, j’ai ici trouvé qu’il y en avait beaucoup trop : la plupart du temps, ces conversations à rallonge comportent plus de remplissage que de contenu digne d’intérêt. On ne sait pas toujours qui parle. De plus, ces nombreux dialogues sont surréalistes, certaines répliques manquent pour que la conversation soit crédible, à moins que les participants ne soient télépathes : ainsi, quand Éléonore avoue à son frère qu’elle est une sorcière, celui-ci enchaîne tout de suite par « Elle ne t’a pas parlé de grimoire ou de truc du genre ? » alors que la grand-mère n’avait pas encore été évoquée dans la conversation…

L’intrigue, sans être extrêmement originale, nous entraîne dans un monde où se côtoient sorciers, lycanthropes et autres créatures surnaturelles, avec en toile de fond la légende de la Bête du Gévaudan. Ça aurait pu être sympa.
Mais les réactions des personnages et les rebondissements, tout au long du récit, manquent cruellement de naturel et sont même souvent à la limite du ridicule. Qui a vu des flics qui invitent journalistes et lycéens sur une scène de crime ? Et surtout, tous les personnages sans exception semblent touchés par le complexe de « Je ne te dis rien pour te protéger et pour que tu ne sois pas mêlé à tout ça, même si je vois que tu es dedans jusqu'au cou. Mais ne t’inquiète pas. Tu peux me faire confiance. » ; il y a des dialogues de ce type à longueur de pages, déclinés sous toutes les formes possibles. C’est particulièrement frustrant : l’histoire n’avance pas et on tourne en rond encore et encore, en ayant grande envie de distribuer quelques baffes pour que les personnages arrêtent de pleurnicher chacun dans leur coin et qu’ils collaborent pour de bon.
Je trouve aussi surprenant qu’en interrogeant Internet ou des soi-disant « spécialistes », parmi la foule d’informations floues et contradictoires disponibles sur les loups-garous et la sorcellerie, nos héros trouvent tout de suite celles qui sont pertinentes pour leur situation particulière : je n’avais jamais entendu dire qu’un loup-garou devient un vampire s’il n’est pas détruit par les flammes, pourtant ici c’est pris pour argent comptant à partir du moment où quelqu’un l’a affirmé…
Et au milieu de tout ça, des passages qui viennent comme un cheveu sur la soupe, inutilement détaillés alors que cela n’apporte rien à l’histoire. Ainsi, quand les jeunes gens vont passer un week-end à Paris, on a droit à de longs paragraphes décrivant le parcours professionnel, la situation familiale et même les adresses des boutiques de l’amie qui les héberge : des longueurs totalement inutiles pour le lecteur, qui s’ennuie déjà assez comme ça sans en rajouter.

Vous l’aurez bien compris, j’ai trouvé cette lecture pénible et je ne l’ai appréciée ni sur le fond ni sur la forme. Je pense qu’il faut retravailler très sérieusement ce roman avant de pouvoir envisager de toucher un public composé d’autre chose que de proches complaisants. Et même si la fin se finit en queue de poisson, pas question que je lise la suite : le destin d’Éléonore et ses amis m’indiffère totalement, tant je les ai trouvés peu attachants. Dommage.