A l'aube d'un jour de mars 1963, un militaire fait face aux vingt fusils du peloton d'exécution. Cet officier est une des têtes pensantes responsable du dernier attentat raté contre le président de Gaulle.
L'OAS est infiltrée par le Service action de la Sûreté française. Ses chefs tombent au fil des coups menés dans l'ombre partout en Europe. Après l'arrestation d'Argoud en Allemagne, son successeur, Chazanet, regroupe Montclair et Casson, les deux autres dirigeants de l'Organisation à Vienne pour mettre au point un nouveau plan pour abattre la grande Zohra. Puisque leurs rangs ne sont plus dignes de confiance, ils vont mandater un expert extérieur, un professionnel de l'assassinat, un Anglais répondant au nom de code Chacal.
Le Chacal part avec une longueur d'avance sur la surveillance française. Il va préparer son travail avec minutie. Lors des cérémonies du 25 août 1963, il aura la tête du grand général dans sa mire et le doigt sur la détente.
Chacal est un polar curieux. L'éditeur annonce son dénouement dès la première page. Je vous rassure, le suspense n'est pas mort, loin de là. Chacal est le tour de force de Forsyth. Une traque qui prend aux tripes. Bien qu'on connaisse le résultat, une chasse tendue et passionnante entre un chat, de moins en moins en retard, et une souris terriblement dangereuse.
La narration nous fait passer d'un personnage à l'autre. Pendant l'enquête, nous suivons Lebel, le policier dépêché sur l'affaire, et sa cible, Chacal. Donc, le lecteur possède toujours des éléments que les acteurs n'ont pas. Il peut jouer au petit malin et essayer de deviner les prochains mouvements de l'un et de l'autre. C'est amusant et enrichissant. La façon dont l'auteur fait évoluer son intrigue est brillante et intelligente.
Il enrobe le tout dans une écriture coulée. Elle n'est pas spécialement rapide à lire mais elle a du charme, elle berce. Surtout, elle fait avancer le récit de manière implacable. Le texte dégage une fermeté inhabituelle et totalement adéquate à cette chasse à l'homme.
Pour un policier daté de 1971, Chacal n'a pas pris une ride. Il n'y a que la police d'écriture qui fait vieillot. Forsyth s'est documenté pour écrire ce roman et le lecteur peut toujours en profiter pour planifier ses prochaines vacances en France. L'écrivain britannique met en valeur les atouts de l'hexagone et propose une belle image de ses régions rurales et urbaines. Il en émane, d'ailleurs, une délicieuse atmosphère sous la chaleur écrasante du mois d'août 1963.
Cet auteur m'a été conseillé par un autre romancier capable d'utiliser au mieux des montagnes de documentation, ce vieux Clancy de Baltimore. C'est une fameuse découverte et si je ne devais garder qu'un adjectif pour résumer ce roman, c'est élégant qui me vient directement à l'esprit.