Les Chroniques de l'Imaginaire

La madone de Notre-Dame - Ragougneau, Alexis

C'est qu'elle est belle, cette jeune femme, installée en position de prière, comme absorbée par la vierge du pilier. Elle est anormalement belle... elle est morte là, sur les bancs de Notre-Dame, le lendemain même de la procession de l'Assomption. Un meurtre dans Notre-Dame, ce n'est pourtant pas courant, d'autant qu'il apparaît bien vite qu'un jeune homme blond, à l'apparence d'un ange, s'en est pris à elle pendant la procession, l'accusant de salir l'image de la Sainte Vierge. Un coupable idéal selon le commandant Landard, surtout après la découverte de certains dessins dans la chambre du jeune homme. Surtout d'après l'espèce de mysticisme qu'il affiche en toutes circonstances, et encore plus après son plongeon du bureau du commandant sur le tarmac du trente-six quai des orfèvres.

Un coupable idéal certes, mais un coupable qui ne convainc ni le lieutenant de Landard, ni le substitut du procureur Kauffmann, ni le père Kern, qui au mépris parfois de toutes ses convictions les plus intimes va se lancer à la recherche du véritable assassin, de celui qui se cache dans l'ombre d'un jeune homme trop vite accusé.

Ce roman m'a laissé en bouche un goût très mitigé. Tout est réuni pour en faire un grand, un très grand moment de littérature policière.

Les personnages pour certains sont un peu clichés, mais parfaitement savoureux, les associations improbables donnent nécessairement envie d'en savoir plus, de découvrir des rouages encore inutilisés.

Bon sang, mais que j'ai pu trouver géniale cette volonté d'associer le père Kern et Djibril le détenu, condamné pour homicide. Le tissu de cette amitié incroyable est si finement décrit que c'en est beau. Les deux policiers aux profils si différents, et cette jeune femme, substitut du procureur en recherche de faire ses preuves, auraient pu donner un trio fantastique. La dame pipi, le SDF polonais.... Tous avaient un potentiel incroyable.

Et pourtant je reste avec cette affreuse sensation que tous n'ont été qu'ébauchés. Aucune de ces relations n'est réellement approfondie. Un peu de frustration donc, puisque finalement, il n'y a pas une vraie bonne grosse enquête. Peu de rebondissements puisque le plus gros de l'ouvrage semblait être axé sur l'ambiance, sur l'univers même de l'ouvrage.

Un vrai gros regret donc, même si la lecture reste agréable en soi.

Mais il semble que l'auteur poursuive sa quête de rédemption puisque d'un second ouvrage dans ce même univers est sorti : Évangile pour un gueux. Gageons que les personnages gagneront en épaisseur et que l'auteur laissera exploser tout le potentiel de son petit monde.