Encore un très bon numéro de la revue Alibis à l'évocateur sous-titre Polar, Noir & Mystère que ce numéro de l'hiver 2016 !
Six fictions pour commencer ce festival trimestriel :
La faucheuse de Julie Marcil
Une jeune femme qui bronze, alanguie, allongée sur un rocher dans la mer. Une autre jeune femme, en colère, nage dans sa direction...
Court, percutant, efficace.
Le quatrième chien seul d'Alain Bergeron
Antoine a décidé de tuer quelqu'un. Comme ça, gratuitement. Pour prouver qu'on peut réussir le crime parfait. Il décide de faire cela dans le parc, et que pour s'entrainer, sa première victime sera un chien. Le quatrième chien seul qui passera devant le banc sur lequel il est assis.
Trois chiens passent. Le quatrième arrive...et rien ne va se passer comme prévu.
Excellent, écriture fine, ciselée, c'est une histoire mordante et rondement menée !
Mon écrivain de Jean Charbonneau
Un homme veut tuer un écrivain. Il se persuade que cet écrivain est vraiment une ordure. Qu'il faut l'éliminer. Dans la voiture d'où il fait le guet, il rumine, ressasse, et passe en revue toutes les bonnes raisons qui font que "son écrivain" doit être éliminé...
Une histoire agréable à lire, réussie.
On ne meurt pas un soir de pâté chinois de Maude Gosselin-Lord
Paulo, 78 ans, meurt. Dans la résidence de personnes âgées, c'est la consternation. D'accord, c'est habituel de voir ses colocataires mourir, mais pas Paulo qui était en pleine forme ! Et pas un soir de pâté chinois ! Theresa décide de mener son enquête pour découvrir la véritable cause de la mort de son ami.
Drôle, bien racontée, jusqu'au dénouement final assez inattendu. Une réussite !
De si beaux yeux verts de François Leblanc
C'est la nuit. Jonathan suit une jeune femme dans la rue. Il a l'intention de la tuer. Cette jeune et jolie femme est celle qui l'a quitté le matin-même.
La jeune femme, se sentant suivie, l'appelle, lui, à l'aide. Il tente de la rassurer. Bien sur qu'il va venir l'aider !
L'angoisse monte au fil des paragraphes, la tension est parfaitement bien rendue, la détermination du jeune homme, la fragilité de la jeune femme, tout est très bien analysé et le final n'en est que plus percutant et étonnant.
Les moutons andalous et les pâturages du Yorkshire de Hugues Morin
Alejandro est arrêté et interrogé par l'unité spéciale de prévention du terrorisme, créée en Angleterre après les attentats du métro de Londres en 2005. Il a été vu en train de déposer un colis suspect à l'accueil d'une grande firme.
Il va alors raconter toutes les circonstances étonnantes l'ayant amené à cet événement. On remonte dans le passé, de quelques mois, à Séville, sur une jolie petite place, là où tout a commencé.
C'est une histoire riche, dense, intéressante, comme on a l'habitude d'en lire régulièrement dans Alibis.
Deux articles mais, hélas, pas d'interview, continuent cet excellent numéro 57.
L'année 2015 du polar québecois permet à André Jacques de faire un tour assez complet de la production québecoise policière de l'année écoulée.
Dans Le polar québecois, Norbert Spehner fait Le bilan de santé objectif, diagnostic critique et subjectif du roman policier québecois à fin 2015. Et le bilan est plutôt positif. La production s'intensifie, la qualité est au rendez-vous, les lecteurs aussi. Les collections se multiplient, le polar québecois commence même à s'exporter, et les femmes font partie intégrante de l'aventure.
Seule ombre au tableau, et pas des moindres hélas : la survie de la revue Alibis est compromise, faute de fonds, mais aussi d'abonnés. Quelle terrible annonce ! Espérons que cette pessimiste prédiction ne se réalisera pas, car cette revue est d'une qualité rare qui nous permet de découvrir d'extraordinaires auteurs, qu'il s'agisse des auteurs des fictions, mais aussi de tous ceux de la rédaction qui écrivent les articles, les interviews (toujours très réussies), et toutes les chroniques habituelles qui sont toutes, et toujours, de véritables régals de lecture.
J'espère retrouver bientôt d'autres excellents numéros de la revue Alibis.