Les Chroniques de l'Imaginaire

Résurrection (Requiem, Chevalier Vampire - 1) - Mills, Pat & Ledroit, Olivier

Rien ne va plus pour la Wehrmacht sur le front de l'Est en 1944. La race pure se fait massacrer par les Bolchéviques. Heinrich, laissé pour mort, est achevé dans la boue et la neige. Heureux d'en avoir fini avec ces saloperies ? Raté.
Heinrich est un jeune soldat, superbe représentant de la supériorité germanique. Son chemin ne le mène pas en enfer. Il reçoit la résurrection. Son sang le positionne parmi les vampires, les chevaliers. Sa destinée est d'amener l'ordre dans le chaos du monde contraire au nôtre, où le temps rajeunit et les plus grands crimes sont récompensés.

Le retour de Requiem de Mills et Ledroit, voilà une chouette réédition de la part de Glénat, les albums parus chez Nickel devenant assez difficiles à trouver dans le commerce. Heureusement, hormis un cahier bonus, rien n'a changé. Résurrection est toujours à prendre avec des pincettes.
Pour la petite histoire, cette BD m'avait été conseillée par une libraire sympa, il y a quelques années. De retour chez moi, bien installé dans mon canapé, je lance Rob Zombie au niveau "mes voisins en profitent", je me sers une bonne bière et je me marre pendant quarante-huit pages !

Résurrection est un ouvrage extrême, autant graphiquement que dans son texte. La première chose qui saute aux yeux, ce sont les dessins et la mise en couleurs de Ledroit. Imaginez l'enfer sur terre, rajoutez-en une couche et vous avez son résultat. Ça part dans tous les sens, c'est violent, c'est rouge, c'est sanglant, c'est précis et ça baigne dans les ténèbres. Une réussite totale. Le dessinateur construit avec talent une ambiance délicieusement horrible faite de hargne et de haine. Il se donne à fond et il y a de quoi rester bouche bée devant ses panoramas, magiques ou cauchemardesques.

Ensuite, à travers les cases dont la mise en scène à l'explosif tend vers les comics, Mills nous raconte l'histoire de Heinrich, un salopard, sa rencontre avec son futur collègue Otto (pire) et son entrée dans l'ordre de chevalerie (le club). Il introduit ses personnages et son univers. Mills joue avec notre excitation et nous quitte avec frustration en clôturant bien trop vite ce premier tome. C'est méchant, c'est piquant et particulièrement amusant.

Cette bande dessinée où pleut le sang empêchera les enfants sains d'esprit de dormir. Il faut accepter son ton, sa brutalité et la prendre pour une merveille décalée. Le récit doit vous emprisonner dès le début sans aucun effort de votre part sinon vous risquez de passer un mauvais moment, voire de vous retourner l'estomac. Ce serait dommage d'en arriver là, n'est-ce pas ?
Dans mon cas, à l'instar de ma première lecture, je me suis amusé comme un petit démon tout du long.