Les Chroniques de l'Imaginaire

Les disparus du Clairdelune (La Passe-Miroir - 2) - Dabos, Christelle

Après plusieurs mois où elle a caché son identité, Ophélie s'est vue forcée de se révéler aux habitants de la Citacielle. Voici venu le grand moment de sa présentation officielle à l'esprit de famille du Pôle, le capricieux Farouk. Il lui faut faire bonne impression si elle veut obtenir sa puissante protection pour elle-même ainsi que pour sa future belle-mère Bérénilde. Hélas, il est bien difficile de maîtriser une rencontre avec Farouk, totalement imprévisible !

Ophélie semble attirer les ennuis comme un aimant, bondissant de chausses-trappes en chausses-trappes. Elle qui est si réservée est bombardée vice-conteuse officielle du maître de l'Arche où elle réside. Son ami Renard a besoin de son aide pour sortir des oubliettes où il a atterri. L'ambassadeur Archibald "perd" des invités alors que son ambassade est réputée être l'endroit le plus sûr de la Cour. L'intendant Thorn désespère de se réconcilier avec sa fiancée, mais il lui faut aussi préparer son intervention - très controversée - en faveur des Déchus lors des prochains États Familiaux. Et l'envahissante famille d'Ophélie est en route depuis Anima pour une visite... Bref, Ophélie n'est pas près d'être tranquille !

J'avais adoré le premier tome de cette trilogie et j'attendais donc beaucoup de celui-ci. Excellente surprise, je me suis à nouveau régalée ! Malgré la taille de l'ouvrage (gros et dense), je l'ai dévoré rapidement, atteinte du symptôme perpétuel "encore un chapitre avant d'aller dormir"...

C'est qu'on a très envie de découvrir tout ce qui arrive à Ophélie, de voir comment elle va se sortir du panier de crabes qu'est la Cour du Pôle, avec ses non dits et ses machinations continuelles, ses illusions dont il faut se garder. La jeune fille semble ici moins maladroite, mais elle continue à attirer les embrouilles. Elle s'affirme également, gagnant en maturité, n’hésitant pas à se mettre en avant quand c'est nécessaire.
De son côté, Thorn se révèle de plus en plus humain, complètement dépassé par cette fiancée qui dérange son petit monde bien ordonné. Mais sans changer radicalement, hein, c'est juste un soupçon de chaleur que laisse échapper cet homme en apparence glacial. Il reste bien du chemin à faire avant qu'on puisse parler de tourtereaux, c'est sûr !
Les autres personnages sont moins mis en avant, mais il y en a toutefois une belle panoplie, formant un ensemble très riche et bien agréable. Entre le facétieux Archibald qui prend plaisir à afficher sa différence, et la famille d'Ophélie haute en couleurs, la palette de personnages passe par toutes les nuances.

L'intrigue n'est pas oubliée. Chaque élément prend sa place dans un vaste ensemble, que l'on a bien du mal à saisir dans son ensemble à ce stade. Ce tome-ci tourne autour du désir de Farouk que l'on lise son Livre pour en percer les mystères. L'esprit de famille a la mémoire percée, au point d'avoir besoin de pense-bêtes pour se rappeler les choses d'un jour à l'autre, mais il est obnubilé par son Livre, en rapport avec ce qu'il était / est / sera. Au fil des chapitres, des bribes de souvenir de jeunesse nous sont livrées (des conversations avec Artémis, dont il était très proche, ou des échanges avec l'énigmatique Dieu) mais elles sont plus déconcertantes qu'autre chose. Heureusement, on finit par se faire une meilleure idée de ce qu'il en est, même s'il reste nombre de mystères à élucider.
A côté de cela, les dangers qui pèsent sur Ophélie sont bien réels, puisque celle-ci reçoit des lettres de menace. Les incidents se multiplient, et la tension monte. Mais comme une pointe d'humour reste toujours présente, c'est une lecture plus prenante qu'angoissante.

Encore une fois, c'est une lecture très intéressante, mettant en avant des personnages attachants confrontés à des mystères et dangers, le tout dans un univers riche et complexe qui permet à l'auteur d'aborder des sujets de fond (le pouvoir, la religion, mais aussi l'inégalité sociale ou autre) qui peuvent être de bonnes pistes de réflexion. A conseiller sans modération aussi bien aux enfants - pour peu qu'ils soient bons lecteurs - qu'aux adultes !

Et vivement la suite !