Les Chroniques de l'Imaginaire

Moi, Gulwali, réfugié à 12 ans - Passarlay, Gulwali & Ghouri, Nadene

Gulwali est né en 1994, en Afghanistan, un an avant la prise de pouvoir des Talibans. Membre de la tribu des Patchounes, il garde de merveilleux souvenirs de ses jeunes années auprès de ses grands-parents à garder des troupeaux de moutons.
Seulement, à six ans, sa vie connait un premier changement : ses grands-parents renoncent à leur vie de nomades, peu compatible avec le statut de médecin de leur fils, et Gulwali découvre l’école. Il a sept ans lorsque les États-Unis envahissent son pays et onze quand son père et son grand-père trouvent la mort dans une attaque américaine.
A partir de cet instant, la situation se dégrade pour le jeune garçon et son frère aîné : les Talibans souhaitent qu’ils rejoignent leurs rangs afin de venger la mort de leurs proches tandis que les Américains voient en eux des informateurs potentiels. Les pressions deviennent telles de chaque côté que leur mère prend une décision radicale : les envoyer loin, vers l’Europe. Commence alors un long périple pour Gulwali, séparé dès le départ de son frère.

Dans ce livre, Gulwali Passarlay nous offre un éclairage direct sur le sort de ces migrants, jetés sur les routes, loin de leur famille et de leur pays, à la merci des autres. On découvre un univers où l’homme n’est qu’une marchandise, sans réelle valeur si ce n’est pour l’argent qui garnit ses poches. Il faudra beaucoup de courage et de chance au jeune garçon pour survivre à ce calvaire d’un peu plus d’une année mais heureusement pour lui il finira par rejoindre l’Angleterre et démarrer une nouvelle vie, même si son souhait le plus cher reste de rentrer dans son pays.

Si je ne peux nier la valeur de témoignage de cet ouvrage, il m’a manqué quelque chose. Certainement le parti pris de l’écriture où l’adulte qu’est devenu Gulwali commente avec ses yeux actuels les péripéties qu’il a vécues enfant. J’aurais aimé quelque chose de plus brut, de plus instantané et de moins réfléchi. Certes, j’ai compris la peur, l’incertitude, l’angoisse de ce jeune adolescent jeté sur les routes, seul, loin des siens à la merci des passeurs. Mais il m’a manqué de l’émotion, que j’impute à l’écriture.

Un témoignage important mais qui aurait gagné en force à être plus brut.