Les Chroniques de l'Imaginaire

Les écailles d'or - Bilal, Parker

Le joueur vedette de la meilleure équipe de foot du Caire a disparu. Adil Romario, attaquant et belle gueule pour panneau publicitaire, a dégagé sans laisser de trace. Son équipe, la DreemTeem, appartient au ponte local, Saad Hanafi, self-made man sorti de la boue et de la poussière du désert. Le patron du crime est devenu pote avec l’État qui le lui rend bien.
S'attaquer au joueur favori d'Hanafi, c'est dangereux. Puisqu'il est impossible de contacter Romario par des moyens normaux, l'entreprise Hanafi, qui veut rester discrète sur cette disparition, engage un détective. Un malin, Makana, un réfugié soudanais, ex-flic, connu pour obtenir des résultats.

Les écailles d'or est un polar à l'ancienne : un privé, une ville, une sale situation, de la politique et des enjeux qui dépassent tous les protagonistes. L'ensemble fonctionne. Bilal s'amuse en produisant un travail dans la veine de grands comme Hammet ou Chandler. Il pose son jeu, fait tourner ses engrenages avec patience et maîtrise pour qu'à la fin tout s'emboîte comme il faut. Il fait travailler le lecteur par la même occasion. Mais cela implique, ici, un rythme lent et beaucoup de parlottes entre des personnages bien construits, vite reconnaissables et plutôt attachants.

Par ailleurs, en plaçant son intrigue au Caire et dans ses quartiers populaires vivants et socialement bien décrits, l'auteur délocalise astucieusement son récit dans un environnement inhabituel - la vue sur les pyramides change des collines de Hollywood - tout en conservant la méthode US. On lui pardonnera quelques longueurs et son développement (et dénouement) attendu, voire évident.

En conclusion, ce roman réussit son boulot. C'est un polar tendance hard-boiled divertissant, prenant et dépaysant.