Les Chroniques de l'Imaginaire

Les Indiens (Les Tuniques Bleues présentent - 4) - Cauvin, Raoul & Lambil, Willy

Le caporal Blutch et le sergent Chesterfield... Deux noms qui ne sont pas inconnus des inconditionnels de bande dessinée, et même des moins inconditionnels, tant la série Les Tuniques Bleues est connue de par le monde, et ce dès le début des années 70. Et qui dit Les Tuniques Bleues dit forcément Guerre de sécession, westerns, grands espaces... Et Indiens, également ! Cela tombe bien, car ce quatrième recueil de Les Tuniques Bleues présentent est justement consacré aux Indiens, avec les albums Captain Nepel (paru en 1993) et Indien, mon frère (paru en 2011).

Ainsi, dans Captain Nepel, il sera notamment question de racisme... Blutch et Chesterfield sont envoyés à Fort Bow, afin d'accompagner le capitaine Nepel, qui devra prendre le commandement du fort pendant que le colonel Appeltown, souffrant, se remet doucement. Le sergent Chesterfield est particulièrement heureux de retourner à cet endroit, où il sait qu'il reverra une fille dont il est tombé amoureux dernièrement...
Mais l'arrivée du capitaine Nepel va profondément changer les habitudes, dans ce fort tenu par les Yankees. Appeltown n'a absolument pas de problème pour travailler et vivre avec les Indiens des environs, ou encore avec des cuisiniers noirs ou des vendeurs chinois. Cela n'est pas du tout du goût de Nepel : la première action de l'homme sera de ne plus laisser entrer les étrangers, et cela ira même jusqu'à mettre les Indiens des environs dans une colère noire... Ils voient d'un très mauvais œil ce revirement de situation, et il faudra toute la ruse de Blutch et Chesterfield pour que la hache de guerre ne soit pas déterrée...

Dans Indien, mon frère, les événements démarrent avec une pénurie de chevaux chez les Yankees. Les dernières bêtes disponibles sont chétives ou malades, alors on envoie Blutch et Chesterfield en mission afin de débusquer des guerriers comanches pour leur acheter des chevaux, justement...
L'ennui, c'est que les comanches se trouvent au-delà des territoires confédérés, dans le Texas. Et le représentant au sénat de l'état texan, un certain Bourland, n'est pas vraiment tendre : l'homme a une fâcheuse tendance à pendre tout ce qui n'est pas un confédéré, que cela soient les Indiens ou les Yankees. Alors, c'est en tant que colons américains en visite au Texas, et non en tant que Yankees, que Blutch et Chesterfield vont tenter d'accomplir leur mission. Sauf que les Comanches, guerriers sanguinaires, sont particulièrement cruels envers les colons américains qui cherchent à s'approprier les terres de leurs ancêtres...

Les deux histoires en question sont certes l'occasion de voyages et d'aventures, en compagnie des Indiens, ce qui met particulièrement le sel sur cette intégrale. C'est aussi l'occasion d'y voir que le racisme était particulièrement de mise à l'époque... Entre parenthèses, on notera au passage la ressemblance frappante, avec cache-œil, du capitaine Nepel avec un ancien leader d'un parti d'extrême-droite particulièrement connu en France...

Les dessins de Lambil font en tout cas parfaitement mouche dans cette nouvelle intégrale : les travaux de recherche sont bien présents, notamment d'ailleurs avec la documentation de Salvérius, premier dessinateur de la série, et immense connaisseur des Indiens d'Amérique. Les personnages, truculents au possible, sont toujours aussi réussis et attachants et ne manqueront pas de plaire à tout lecteur qui se respecte.

Deux tomes réussis, que l'on ne peut que savourer en les découvrant ou en les redécouvrant ; vivement le prochain thème, qui sera consacré à la photographie : là encore, tout un programme en perspective...