Les Chroniques de l'Imaginaire

Solaris (Solaris - 197)

L'éditorial annonce la création du prix Joël-Champetier, qui sera l'équivalent à l'international du prix Solaris. A vos claviers, nouvellistes francophones ! Il revient aussi sur la récente disparition d'Ayerdhal.

Le volet fiction se partage entre fantastique et S.F. et fait la part belle aux voyages et disparitions en tout genre, par des moyens divers et variés :

Comment nous sommes devenues écrivaines, de Natasha Beaulieu, raconte l'histoire de deux gamines malheureuses dans leur famille qui décident d'écrire un roman, qu'elles vont devoir taper sur une vieille Underwood. Une belle nouvelle sur le pouvoir des mots, à la progression bien maîtrisée et dont le style convient au sujet et aux personnages.

La maison verte, de Raphaëlle B. Adam : le thème de la maison attirante n'est pas vraiment original dans la littérature fantastique, mais il est ici bien traité, d'une écriture élégante.

Des rockstars, des guitares et un amour perdu, de Guillaume Marchand : une autre nouvelle fantastique, qui donne un autre sens à l'expression "se perdre dans la musique". C'est original, c'est bien réussi, et les personnages sont évoqués avec talent.

Le bec du pinson, de Sébastien Chartrand : tout un monde post-apocalyptique et/ou dystopique, évoqué à la première personne par un enfant. Tout y est très crédible, la progression est bien maîtrisée et il y a une juste proportion entre ce qui est dit explicitement et ce qui est laissé à l'imagination du lecteur. Même si je n'ai pas compris le titre, cette excellente nouvelle est l'une de mes préférées.

Consortium : l'initiation, d'Isabelle Lauzon, est aussi une très bonne nouvelle, même si les thèmes de base ne sont pas très originaux : une caste d'êtres "supérieurs" grâce à leur maîtrise de la transmission de pensées et d'émotions, qui vise à prendre le pouvoir sur leurs "inférieurs". La progression tant factuelle que psychologique est vraiment adéquate et la psychologie des personnages est cohérente et crédible.

Big game, d'Yves-Daniel Crouzet : pastiche/hommage à la fois à la littérature de S.F. et à celle d'espionnage, qu'évoque clairement le titre, cette nouvelle est originale dans sa forme, au moins au second degré, plus que dans son fond. Elle a de plus la qualité d'être divertissante, ce qui ne gâte rien.

Dans son article intitulé L'audition transtemporelle dans la Science Fiction, Jean-Pierre Laigle présente un thème qui, différent du voyage temporel ou de la vision à travers le temps, a donné peu d’œuvres, mais qui n'en est pas forcément à négliger pour autant. L'article est bien documenté et bien écrit, par quelqu'un qui à l'évidence possède à fond son sujet.

Dans ses Carnets du Futurible, qui présente cette fois Le monde de demain, Disney et le futur, Mario Tessier montre le changement qu'il y a eu, depuis la mort de Walt Disney, entre ses projets originels, de vulgarisation scientifique et d'éducation du public en vue de créer un futur qui convienne à l'humanité, et les parcs d'attraction réalisés, d'où ont été éliminées à la fois la science et la science-fiction au profit de la fantaisie, que celle-ci soit dans une ambiance de steampunk ou de merveilleux.

Dans sa rubrique Sci-néma, Christian Sauvé se penche cette fois sur les films d'auteurs dans le champ de l'imaginaire, et en conclut qu'il y a encore des progrès à faire dans ce domaine. Et à ce propos, il semble justement que le retour du monstre dans les films d'horreur se fasse avec assez de profondeur donnée au personnage pour le rendre intéressant.

Enfin, les rubriques de critique littéraire donnent des pistes intéressantes, comme c'est toujours le cas, tant parmi les auteurs québécois qu'à l'international.