Malala n'a que dix ans lorsqu'elle commence à prendre la parole contre l'obscurantisme et à prôner le droit à l'éducation libre des filles partout dans le monde. Malala est pakistanaise et musulmane. Malala a l'incommensurable chance d'avoir une famille ouverte et compréhensive. Elle est la fille du Directeur de l'école qu'elle fréquente qui, envers et contre tous, choisira de garder l'école ouverte et d'y accueillir les jeunes courageuses qui continueront de venir apprendre. Les Talibans ont instauré la charia au Pakistan en profitant d'un profond traumatisme de la population. Les Talibans ont menacé son père. Les Talibans l'ont menacée elle. Rien n'y a fait. Rien n'entame la conviction du père et de la fille. Rien ne saura convaincre cette enfant courageuse que ce pays qu'elle aime tant n'a rien d'autre à offrir à ses femmes que la négation de leur identité.
J'avoue avoir entamé cette lecture avec un léger à priori. Oui, j'avais bien sûr entendu parler de Malala. Comme tout un chacun, j'avais au moins survolé son histoire. J'avais au fond cette crainte que tout ceci ne revête une nouvelle fois qu'un aspect un peu commercial, qu'une nouvelle histoire, dramatique certes, mais quelque peu instrumentalisée.
Et puis, j'ai lu.
Et puis, je me suis laissée embarquée par l'histoire de cette fillette, par la simplicité de ses mots, et par l'évidence et le naturel de ses sentiments.
J'ai été touchée par l'amour de cette enfant pour son pays, pour sa région même. J'ai vraiment apprécié de découvrir le Pakistan au travers de ses yeux, découvrir un peu son histoire et ses traditions. J'ai aimé la pudeur dans ses mots, dans ses émotions, même lorsqu'elle évoque les Talibans et les atrocités auxquelles elle a dû assister. Et cette peine... cette douleur de voir son pays ainsi se transformer.
On ressent bien cette sensation de "tourbillon" dans lequel elle a parfois dû se sentir emporter, l'empêchant certainement de prendre conscience de celle qu'elle devenait et de l'impact que pouvait avoir son discours. L'empêchant aussi de mesurer à quel point ses paroles la désignaient comme cible, bien plus que son père.
Le reste n'est presque qu'anecdotique. Oui, elle a eu le prix Nobel de la Paix, oui, elle a fêté ses seize ans aux Nations Unies, face à un parterre de diplomates là pour l'écouter. Oui, elle vit à Birmingham maintenant, dans un beau logement.
Mais sa plus grande victoire aujourd'hui reste d'avoir pu continuer à aller à l'école...
A mettre entre toutes les mains !