Marlowe est un détective privé à San Francisco. C'est la routine, l'argent rentre peu, chercher l'amant ou la maîtresse ne sont que des revenus de vache maigre.
Une blonde sculpturale rentre dans son bureau pour recourir à ses services. Elle a revu son amant pourtant déclaré mort quelques semaines plus tôt. Marlowe succombe au charme, répond à la requête de sa cliente qui le mènera élégamment par le bout du nez, sans deviner alors que les cadavres vont se faire de plus en plus nombreux.
Si vous aimez le style Nestor Burma à la française, vous ne serez pas déçu par ce polar à la sauce américaine. Marlowe est nonchalant, mais reste classe, il se libère de ses sentiments, de ses impressions, de ses intuitions en nous les livrant corps et âme tout au long des chapitres. Il a été baptisé par son créateur en hommage au dramaturge et poète élisabéthain Christopher Marlowe au seizième siècle. Il lit de la poésie, est parfois philosophe et joue aux échecs.
Ce roman est un petit bijou. L'auteur, Benjamin Black alias John Banville, s'est apparemment inspiré de l'écrivain Chandler, auteur respecté de romans noirs dont je ne connais pas les écrits. Black, lui, est un auteur irlandais à succès de nombreux polars et a apparemment rendu hommage à un de ses auteurs préférés.
J'ai particulièrement apprécié la personnalité de ce détective, Marlowe, qui, malgré le fait de tomber sous le charme de sa cliente, style p'tite pépé, reste néanmoins perspicace et tenace. Marlowe est dans son jus entre les bouffées de cigarettes et les verres de whisky qui s'enchaînent. Ce sont les années cinquante américaines telles que nous nous les représentons qui sont fort bien décrites dans ce roman, et rien que l'attachement du héros pour sa voiture, une Oldsmobile, nous révèle l'ambiance du livre.
L'enquête est au départ banale mais l'atmosphère qui y règne plante le décor. Les femmes ont des tailleurs cintrés, des chapeaux à voilette et des talons aiguille. Les hommes ont un chapeau mou vissé sur la tête, une cigarette au coin de la bouche et un verre de whisky à la main. Benjamin Black nous replonge dans l'univers où la silhouette de Bogart se dessine devant nos yeux.