Petit livre de presque deux cent ans, trois histoires en une, inégalable récit repris maintes fois au cinéma et connu de tous, le démon comme son créateur restent en mémoire et représentent pour les enfants comme pour les grands les références de la terreur, de l'angoisse et du mal être. Qui aurait pu songer qu'une jeune femme telle que Mary Shelley ait cette idée en tête suite à un défi lancé entre bourgeois pour écrire une histoire de fantômes ? "C'est par une sinistre nuit de novembre" sera le début d'un mythe traversant les décennies, qui deviendra un classique du genre.
Trois histoires en une, car c'est d'abord la préface de Mary Shelley qui nous explique comment elle est arrivée à ce roman suite à un défi relevé avec quatre amis. En second, les lettres de l'explorateur du pôle, Walton, qui écrit à sa sœur et qui lui décrit sa rencontre avec le Dr Frankenstein, perdus tous deux au milieu des mers froides et des glaces. Et enfin, l'histoire du démon narré en détails à Walton par le créateur de ce monstre.
Frankenstein est un jeune étudiant en médecine à Ingolstadt en Suisse. Il est né à Genève et a grandi aisément et ne connaît que le bonheur, jusqu'à la perte de sa mère. Elizabeth, recueillie par les parents de Frankenstein toute petite, a grandi avec lui et lui est promise, ils se respectent, s'aiment. Victor Frankenstein se laisse happer par ses connaissances et sa soif de communiquer la vie à un être inanimé. Il est attiré par la structure du corps de l'Homme, et de tout animal doué de vie. Le scientifique génial s'entête donc à créer un être vivant à partir de morceaux de cadavres. Puis, effrayé, il s'enfuit. Mais le monstre le poursuit, pris entre le désir de reconnaissance, le besoin de lien social, et une volonté de vengeance pour un homme qui l'a fait monstre pour finalement le rejeter.
Le style est très agréable, et on sent le souffle du romantisme passer dans les pages. Il y a cependant quelques longueurs. Le livre offre quantité de thèmes, dont ceux de l'origine, de la nécessité du lien social, des excès possibles de la science, etc... Je suis ravie d'avoir enfin lu ce grand classique d'horreur. Ayant vu le film de 1931 de James Whale, je peux témoigner qu'il est loin de l'histoire du livre où aucun proche du scientifique ne meurt. La meilleure adaptation est - je pense - celle de Coppola en 1994 avec Kenneth Brannagh et De Niro dans le rôle du démon.
Aussi, je me suis même aperçue que pendant ma lecture, j'en suis même arrivée à avoir de l'empathie pour cet être démoniaque. On peut en vouloir à Frankenstein d'avoir créer un homme qui sera forcément rejeté du monde par sa laideur, qui d'ailleurs le fera souffrir et le transformera en criminel.
Une œuvre à lire, dans tous les cas, pour ceux qui en auraient fait l'économie pour deux raisons majeures : on ne peut pas omettre le rapprochement avec notre époque qui connaît le clonage et les manipulations génétiques. Et en plus, le récit est prenant...
