Les Chroniques de l'Imaginaire

Temps glaciaires (Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg - 8) - Vargas, Fred

Le commissaire Bourlin est chiffonné : certes, tout semble indiquer qu'Alice Gauthier s'est suicidée, mais l'absence de lettre le perturbe, comme le dessin incompréhensible à côté de la baignoire où on l'a trouvée. Avant de classer l'affaire, comme le demande avec insistance le nouveau juge - cette grosse tique -, il décide de demander à Danglard d'y jeter un coup d’œil. Mais c'est Adamsberg qui remarque que le dessin en question évoque une guillotine. C'est lui aussi qui indique à Bourlin l'identité et l'adresse du visiteur reçu par Alice la veille de sa mort. Et quand ils s'y rendent, c'est pour découvrir que le père de ce visiteur s'est lui-même apparemment suicidé, sans laisser aucune lettre... mais le même dessin. Or, du fait qu'il apparaît que ces deux "suicidés" ont fait partie du même groupe de "naufragés" en Islande dix ans plus tôt, la grosse tique elle-même va devoir reconnaître qu'il ne s'agit pas du tout de suicides.
Toutefois, la piste islandaise semble tourner court lorsque le discret François Chateau informe le commissaire que ces différentes victimes étaient membres de son association, consacrée à faire renaître les écrits de Robespierre. La glace de la Terreur et de l'Incorruptible semble remplacer celle de l'Islande. Mais est-ce bien sûr ?

Ce roman de Fred Vargas fait à mon avis partie de ses tout meilleurs. On y retrouve toutes les qualités qui ont apporté tant de succès à l'auteure : intrigue serrée, remarquablement ficelée, où tous les fils se combinent pour le plus grand plaisir du lecteur, qualité de l'écriture, mots et notions importés d'autres cultures (en l'occurrence islandaise), personnages secondaires loufoques et crédibles à la fois (Marc, par exemple...), dont certains récurrents, comme Lucio, le voisin d'Adamsberg, et les chats, ou le pigeon.
Vargas continue d'explorer dans ce roman les terreurs obscures de l'être humain, après les peste, fantômes, vampires et autres Chasse-Galerie. Si j'ai regretté une seule chose, c'est l'aspect très "flic" d'Adamsberg, mais le fait que Danglard, en revanche, le soit plutôt moins que d'habitude est une compensation intéressante.

En somme, une lecture passionnante, et hautement recommandable, on l'aura compris, qui ne manquera pas de transformer en fan le lecteur occasionnel, en lui donnant envie de découvrir le petit monde qui entoure le commissaire.