Lyric souffre de migraines depuis son enfance et celle de ce soir est particulièrement violente et la cueille juste après leur passage. Eux, les Alphas, sortis de l’océan voilà plus de trois ans et qui tous les soirs passent en hurlant et criant dans leur langage si étrange au cœur de Coney Island avant de retourner dans leur campement sur la plage.
Le lendemain, la douleur est moindre mais Lyric est anxieuse. Une nouvelle fois, son père la met en garde : se fondre dans la masse, ne surtout pas faire de vagues. L’adolescente regrette l’époque de l’extravagance et des paillettes. Aujourd’hui, la discrétion est de mise et plus encore en ce jour où le monde entier a les yeux braqués sur eux. D’ailleurs à peine ont-ils mis le nez dehors avec son père qu’ils sont assaillis par les journalistes. Et en arrivant au lycée, ils découvrent des centaines de manifestants qui protestent violemment, auxquels se mêlent des curieux de tous âges. La raison ? Aujourd’hui marque le premier jour du plan d’intégration des Alphas. Un petit groupe d’adolescents alphas va rejoindre le lycée de Lyric. Et voilà que la jeune fille est contrainte de se lier avec leur prince héritier. L’intégration va-t-elle réussir ? Quel est le but réel des Alphas ? Et Lyric, quel secret cache-t-elle ?
Je ne savais absolument pas à quoi m’attendre à ouvrant ce roman. Et j’ai découvert une intrigue bien ficelée, prenante, savant mélange d’imaginaire et de réflexion.
Avec ces deux peuples qui se retrouvent brutalement confrontés l’un à l’autre, sans se connaitre ni se comprendre, l’auteur aborde de manière très intelligente et pertinente de nombreuses questions telles que l’immigration, le racisme, la ségrégation, l’extrémisme, l’intégration... Par exemple, les premiers chapitres consacrés à l’arrivée des Alphas au lycée trouvent un écho au cœur de notre histoire et on ne peut s’empêcher de songer aux « Little Rock Nine », ces étudiants afro-américains tentant d’intégrer l’université en 1957. Et de tels exemples sont nombreux.
Lyric est un personnage fort, dont on devine très vite qu’elle cache un lourd secret, même si elle n’en saisit peut-être même pas elle-même toute la portée. Sa rencontre avec le prince Fathom m’a un temps fait craindre le basculement du récit dans une romance assez mièvre mais il n’en est rien. L’amour est présent mais ne dessert pas l’histoire, loin de là. Le roman est assez dur, les personnages ne sont pas épargnés et les péripéties nombreuses. Le cœur de l’intrigue reste la confrontation entre deux univers extrêmement différents qui peinent à se comprendre… mais le veulent-ils réellement ? Là est la question…
Si je devais trouver un défaut à ce roman, ce serait l’accélération subite de rythme au cours des derniers chapitres, qui m’a semblé trop brusque et rapide. J’ai parfois eu l’impression que l’auteur voulait en finir au plus vite. Mais n’était-ce pas un moyen de nous montrer l’urgence de la situation en nous plongeant dans le même chaos que ses personnages ?
Finalement, Michael Buckley reste maître de son intrigue et mélange les genres pour nous livrer un récit prenant et réfléchi qui nous laisse dans l’expectative d’une suite rapide…