Qui ne connait pas la célèbre phrase qui clôt les contes : "Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" ? Vraiment ? C'est aussi simple que cela ? Après avoir vécu mille tourments, une simple (aussi belle soit-elle) histoire d'amour et hop, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ad vitam aeternam ?
Il n'y a guère que les enfants pour y croire. Vous n'y croyez pas, et Michael Cunningham non plus. L'auteur s'attarde en réalité davantage sur les malédictions. Devant les sportifs aux corps d'éphèbes et les mannequins aux courbes parfaites, qui n'a pas eu envie de jeter un petit sort histoire de les ramener au niveau du commun des mortels ?
C'est ainsi qu'il détourne les contes, reprenant les codes véritables en les transposant à la sauce moderne. Et d'ailleurs, autant que ça ne finisse pas franchement bien.
Ce ne sont pas les contes les plus connus que vous trouverez ici. On reconnaîtra La Belle et la Bête ou Hansel et Gretel, ou encore Jack et le Haricot magique. Hansel et Gretel par exemple n'ont rien des innocents enfants que nous connaissons, ce sont des jeunes percés et tatoués, insolents et impolis. Mais il y a d'autres histoires que personnellement je ne connaissais pas du tout et que je suis maintenant curieuse de découvrir dans leur version originelle.
Elles adoptent toutes complètement le ton narratif du conte mais surprennent le lecteur par leur cynisme déroutant et en même temps particulièrement savoureux. Ce sont des personnages pour lesquels nous tremblions enfants et qu'aujourd'hui on aime voir tourmentés.
Attention, ce livre rend méchant ! N'exagérons rien, disons simplement que de temps en temps, cela fait étrangement du bien de lire des histoires cruelles qui ne font que mettre au jour la noirceur de l'âme humaine. Il faut croire que cela a aussi inspiré l'artiste Yuko Shimizu, dont les illustrations s'accordent parfaitement avec la noirceur des écrits.
