Hubert Pellerin aurait pu être un grand boxeur. Tout avait plutôt bien commencé pour lui, avec un titre de champion de France Espoirs, reçu lorsqu'il avait dix-huit ans, après un KO fulgurant survenu avant la fin du premier round. Une victoire éclatante, qui a d'ailleurs donné à Hubert le courage d'aborder une jolie fille, sur Rouen. Une jolie fille qui deviendra sa femme, et qui lui donnera une fille, Barbara, en 1980.
Alors, Barbara, l'enfant de l'amour, grandit dans un foyer où ses parents s'aiment. A ce moment, Hubert est gentil, attentionné. Il aime son sport et le pratique encore avec beaucoup de passion. Après, ce n'est pas qu'Hubert n'est plus gentil, mais disons que cela se passe moins bien au niveau de la boxe. Hubert arrête la pratique de son sport favori, et il devient irascible... Il va de petit boulot en boulot, et commence à trouver refuge dans le pire qui soit : l'alcool...
Plus grande, Barbara Pellerin est grande et indépendante. Elle est photographe, et vit avec Jeremie. Elle a une idée en tête, c'est de faire un reportage sur le monde de la boxe. L'occasion est grande de se rapprocher de son père, de son amour pour ce sport. Et également pour lui poser les questions qui pourront faire mal... Pourquoi il n'est pas resté génial comme aux débuts de sa vie ? Comment il a vécu le divorce ?
Alors, les premiers plans se font, les premières questions fusent, et le cœur s'ouvre, peu à peu, d'un côté comme de l'autre...
Vincent Bailly et Kris sont habitués aux récits poignants, aux tranches de vie qui remuent, un peu à la manière d'un auteur comme Etienne Davodeau. On ne présente plus des one-shots comme Un homme est mort ou Coupures irlandaises, parus aux éditions Futuropolis également. Ce n'est pas ce Mon père était boxeur qui échappera à la règle. L'histoire est axée sur la relation entre un père dur, boxeur, et sa fille, beaucoup plus frêle bien évidemment, et longtemps étrangère à la passion de son père.
La boxe est ici une passion presque comme une autre, presque un prétexte pour que ces deux là se rapprochent des années plus tard. Il n'empêche que la noblesse de ce sport transparaît dans les planches de Vincent Bailly de bien belle manière, avec notamment les amis et proches boxeurs qui accompagnent Hubert dans un inoubliable voyage... La tranche de vie est ici racontée avec intelligence. Il y a de la retenue, encore une fois, et c'est tout à l'honneur de ce récit, comme sait d'ailleurs si bien le faire un raconteur d'histoires comme Kris.
Les dessins de Vincent Bailly sont à l'avenant : des personnages attachants et crédibles, l'image extraordinaire que peut avoir une petite fille de son père, même lorsque celui-ci peut perdre les pédales... Les lumières dans la ville, en voiture, les lampadaires, les lumières de Noël : tout est ici retranscrit en restant très suggestif, sans avoir besoin de recourir à un dessin réaliste et détaillé. Comme sait là encore le faire Vincent Bailly.
Une tranche de vie très réussie, accompagnée, il faut le noter, d'un DVD sur la vie de ce boxeur tournée par Barbara Pellerin... Car cette tranche de vie est tirée d'une histoire vraie, comme bien souvent avec ces auteurs !
