Nous sommes maintenant en 1815, et cela fait vingt-sept ans que François Rochebrune a laissé son frère jumeau, Etienne, mourir sous ses yeux sans rien faire... Suite à cela François a usurpé l'identité d'Etienne, et il a épousé Rosaline Rambaud, la fille de la plus riche famille des environs de Châtellerault. La vie a été plutôt généreuse pour le couple : les affaires de François (qui se fait maintenant appeler Etienne) ont prospéré grâce à l'argent de sa belle famille, et le couple a eu cinq enfants, dont quatre sont maintenant bien grands...
Mais les fantômes du passé sont encore bel et bien présents dans l'esprit d'Etienne Rochebrune... Après tout, le corps de son frère n'a jamais été retrouvé, et c'est au moment où François, le fils aîné d'Etienne, est sur le point de poursuivre le métier de maître saintier, qu'un homme de main d'Etienne affirme avoir retrouvé la trace d'Etienne, le véritable Etienne... Ce dernier vit dans un couvent non loin de là, et est appelé Martin. Le pauvre homme a perdu la mémoire il y a plus de vingt-cinq ans, et il est vrai qu'il ressemble énormément à François...
Alors, les démons de François Rochebrune le tenaillent de nouveau. Et cela sera encore plus le cas lorsque le véritable Etienne va retrouver la mémoire, après une mauvaise chute... De quoi sérieusement mettre à mal les plans de son très cher frère adoré...
Laurent-Frédéric Bollée (au scénario) et Serge Fino (au dessin) nous présentent le second tome de leur série Les Maîtres Saintiers. Une série qui mêle la religion, l'artisanat et les terribles complots familiaux... Le premier tome avait d'ailleurs été particulièrement apprécié, avec un dessin réaliste du plus bel effet, des détails intéressants, un beau travail de recherche que l'on retrouve dans ce second tome. Le contexte historique est bien abordé, avec ce soldat de Napoléon qui a des vues sur une des filles Rochebrune, et on prend un vrai plaisir à suivre la descente aux enfers de François, avec le retour à la vie, inexorable, d'Etienne...
Alors, c'est toujours aussi fin et réussi, même si on peut juste déplorer la petite facilité au niveau du scénario : un coup dans la tête et la mémoire revient plus de deux décennies après... Attention à ne plus trop jouer avec ce genre de pirouette dans la suite de la série ! Qu'à cela ne tienne, on pardonne ce petit écart, tant le reste du récit est maîtrisé et fait penser aux histoires de familles de Franck Giroud, avec une tension palpable très bien rendue, et avec un final particulièrement déroutant. Vivement la suite !