Les Chroniques de l'Imaginaire

Ma génération, celle d'une vie chinoise (Ma génération, celle d'une vie chinoise - 1) - Kunwu, Li

Monsieur Li, en pleine séance de travail, reçoit un message un peu particulier : Li Xiaolun, un ancien camarade de l'école Xincun, lui annonce qu'un rassemblement des anciens élèves de la promotion 1968 est prévu sous peu. Des retrouvailles bien spéciales, qui après cinquante ans s'annoncent comme un véritable saut dans le temps. Monsieur Li est rattrapé par une nostalgie bien légitime et se rappelle tous les bouleversements majeurs que sa génération a traversés dans une Chine en pleine mutation. Pris dans ses souvenirs et ses pensées, il va revenir, en rêve, à ces années de son enfance, ou le maoïsme a construit leur vie et leur personnalité...

Voilà un ouvrage déroutant. Tenant plus du roman graphique que d'un véritable manga, c'est l'histoire, en grande partie autobiographique, d'une Chine en construction que nous livre Li Kunwu.

Le trait de l'auteur m'a un peu perdue dans un premier temps. Je ne connaissais pas du tout sa graphique et j'avoue en avoir été un peu déstabilisée. Le trait est vif, rapide, comme peint à l'encre en quelques gestes seulement. Un peu brouillon au premier abord, je dois bien l'avouer, on ne peut cependant que constater qu'il correspond finalement parfaitement à l'histoire que nous livre l'auteur. Une certaine uniformité, comme si tous n'étaient qu'une seule et même personne... mais n'était-ce pas au fond l'objet même de la propagande maoïste ?

Quelques pages pour se faire à cela, et l'on embarque avec le jeune Li et ses camarades. C'est un portrait sans détour, sans faux semblant et surtout sans jugement qui nous est livré de cette histoire de la Chine. Vécus de l'intérieur, ses bouleversement nous sont livrés avec beaucoup d'humilité et de neutralité, ce qui, je pense, a du s'avérer particulièrement compliqué. Ces portraits d'enfants (mais en sont-ils vraiment ?) qui consacrent leur vie à devenir ce que l'on attend d'eux sont touchants, et peut être aussi un peu perturbants.

Le point fort indéniable de cet ouvrage est la découverte d'une période de l'histoire chinoise fort peu connue. Même si l'on savait globalement ce que pouvait être la propagande, il est bien difficile de s'imaginer comment elle a pu être traduite dans le quotidien de la population. La prise en charge totale par le gouvernement de l'éducation des enfants, de leur endoctrinement, et l'absence imposée des parents, occupés à travailler à la grandeur de la Chine... Pas de filtre donc, tout nous est livré tel quel, tel que vécu, tel que ressenti.

L’intérêt historique est aussi prépondérant. Lire et apprendre en se divertissant, n'est-ce pas là aussi la meilleure des façons d'apprendre ?

A lire !