Infinités est un recueil de l’écrivaine indienne Vandana Singh, vivant aux Etats-Unis. Dans ce recueil, on retrouve les bouleversements d’une Inde en transformation. Infinités est un recueil de dix nouvelles et un essai.
Entre science-fiction et fantastique, il se lit avec plaisir. Mais Singh laisse un arrière-goût souvent triste car c’est l’Inde contemporaine que raconte Singh. Cette Inde qui se caractérise par une croissance économique rapide avec les bouleversements sociaux et les inégalités qu’engendre une telle croissance, mais ce pays reste encore encré dans ce système de castes et traditionnel. Une Inde dans laquelle les femmes sont emprisonnées à domicile, et soumises en public au regard des hommes souvent inconvenants.
Dans ces nouvelles, Singh raconte l’Inde d'aujourd’hui. L'Inde est un pays où on retrouve une classe moyenne tiraillée entre tradition et modernité. On habite des appartements en ville équipés du confort moderne mais jamais complètement coupés de la nature, toujours trop petits car il faut y loger les beaux-parents, qui ont leur mot à dire sur l'éducation des enfants. Des appartements dans des immeubles où pullulent les nuisibles, et où la cage d’escalier montre ce que dissimulent les appartements. La faim n'est jamais loin, sur le palier du dessus, ou dans la rue, sur les trottoirs où dorment les pauvres.
Quand Vandana Singh parle des femmes, elle y est convaincante et touchante. Des femmes indiennes soumises aux mariages forcées, à la domination domestique tant de leur mari que de leur belle-mère, aux innombrables règles des on-dit. Des femmes, finalement, tristes, nostalgiques, désabusées, qui ne peuvent se définir que par leur liens à la famille. Des femmes qui n’ont le choix qu’entre la soumission aux règles ou la fuite.
Les nouvelles fantastiques comme Faim, Soif, La Femme qui se croyait planète, L’Épouse et La Chambre sur le toit sont dédiées à la femme indienne et sa position sociale, à sa difficulté de sortir des conventions et de n'être pas qu'une femme au foyer dévouée à son mari et ses enfants.
Soif est une nouvelle très touchante : c'est une nouvelle effarante mais aussi toute en douceur, dans laquelle une femme et mère frappée d'une malédiction familiale pense devenir folle.
Dans La Femme qui se croyait planète, le mari est totalement anéanti devant l'étrange comportement de sa femme. Un texte qui dénonce cette nécessité de paraître et d'entrer dans un moule conforme aux attentes de la société au mépris de l'être humain et de sa liberté.
La Chambre sur le toit se passe pendant la mousson et fait partie du domaine du fantastique : elle y raconte la vengeance d'une femme.
Dans Infinités, j'avoue que j'ai un peu décroché, le domaine des mathématiques n'est pas mon fort, mais c'est la seule nouvelle où un homme est mis en avant. Elle y décrit les religions et l'art du vivre-ensemble.
Les Trois contes de la rivière du ciel : mythes de l'ère des astronautes sont un peu plus anecdotiques mais restent agréables à lire.
Un recueil très émouvant. Ne pas oublier la couverture illustrée par Aurélien Police qui est tout simplement magnifique.