Ce soir, un lutteur se produit dans une auberge perdue en pleine montagne, et la salle est comble. L'homme est un colosse, mais il lui manque un bras, aussi ses adversaires espèrent n'en faire qu'une bouchée. Pourtant, le guerrier gagne facilement tous ses combats.
Dans l'assistance, Khimaï, qui se présente comme un apprenti charbonnier faisant le Tour des Maîtres, n'en croit pas ses yeux. Est-ce le Dieu Secret qui a mis sur sa route Borhôn, ancien capitaine des Masques du Pourvoyeur, qui fût son maître d'armes ? C'est que le discret jeune homme cache lui aussi un secret : il n'est autre que l'héritier du précédent Pourvoyeur. Suite à une bataille, son père est mort et la place du prince a été usurpée alors qu'il avait disparu le temps de se remettre de ses blessures... Désormais, il n'a plus qu'un seul but : confondre le traître et retrouver son trône.
Très emballée par l'idée de lire cet ouvrage, j'ai finalement été plutôt déçue.
Le récit alterne deux trames parallèles : un chapitre conte la quête de Khimaï, désormais assisté de Borhôn, pour retrouver son amie d'enfance Lathân dont il espère qu'elle pourra l'aider à recouvrer son rôle de Pourvoyeur ; le chapitre suivant nous présente l'enfance du petit prince depuis ses plus jeunes années, son apprentissage des arts du combat et de la politique ; et ainsi de suite.
Le problème, c'est qu'aucun de ces deux récits n'est vraiment passionnant. Si on peut comprendre qu'une enfance sans histoire manque de piment, on pouvait cependant espérer que l'aventure de Khimaï adolescent soit plus mouvementée. Las ! C'est surtout un long périple, où les deux compères se cachent plus souvent qu'ils ne sortent l'épée. Et comme aucun des deux voyageurs n'est très loquace, ça manque désespérément de dialogues pour égayer un peu la lecture.
C'est dommage, parce que l'univers imaginé par Paul Carta est plutôt alléchant. La géographie est variée, la situation politique réfléchie, et cela ne manque pas non plus de quelques notes dépaysantes. Une touche de magie est également bien présente, via l'intervention des Dieux, dont on perçoit nettement l'influence même si elle reste subtile. Et les questions ne manquent pas, concernant justement le Dieu Secret et ses mystères.
De plus, la plume de l'auteur est vraiment ciselée, on sent tout le travail effectué pour obtenir un texte dans une belle langue. Mais au final, comme il ne se passe quasiment rien, c'est surtout une impression de lourdeur qui prédomine, et je me suis la plupart du temps ennuyée, lisant sans entrain dans l'attente de rebondissements inexistants.
Je finis ce premier tome avec l'impression dérangeante que la quête de Khimaï n'a pas avancé d'un iota, même si cela m'a permis de découvrir le contexte. J'espère que le second tome répondra plus à mes attentes.