Ce numéro de la revue Alibis est très riche, il ne contient pas moins de sept nouvelles, deux articles et entrevues et presque toutes les chroniques habituelles.
Les sept nouvelles, d'auteurs habitués de la revue, sont toutes d'excellente facture, agréables à lire, efficaces. Comme d'habitude, serais-je tentée de dire, mais c'est pour notre plus grand plaisir !
Marie-Marthe de Maureen Martineau
Marie-Marthe est une grosse, très grosse femme, qui vit perdue dans un cul-de-sac, dans la forêt, tranquille dans sa cabane. Elle est arrêtée par la police. C’est son voisin le plus proche qui l’a dénoncée.
Elle raconte son histoire et ses crimes avec son franc-parler.
C’est bien raconté, vivant, plein de gouaille.
Mon cher Rémi de Luc Dagenais
Une histoire poignante d’une femme écrivant à son fils Rémi, qu’elle a dû abandonner à la naissance et dont elle ne sait pas ce qu’il est devenu. Elle lui raconte sa vie, son quotidien mais elle imagine aussi la sienne. Il est devenu chirurgien, avocat, policier…
Jusqu’à la révélation finale sur ce qu’est réellement devenu son fils.
La vie très banale de Meredith Poissard d’Estelle Valls de Gomis
Meredith est une jeune adulte trisomique, réussissant brillamment sa vie. Autonome, elle vit seule, travaille dans un bureau et mène une petite vie tranquille. Enfin, pas si tranquille que ça !
Azad de François-Bernard Tremblay
Il s’agit ici de traite des Blanches. Sombre, violent.
La mort de Capitaine Amérique de Geneviève Blouin
Encore une nouvelle sur un combat de catch. Ce sont personnellement celles que j’aime le moins.
Ben est un jeune combattant plein de fougue qui doit affronter l’idole de tout un pays : Capitaine América, un vieux combattant plein de gloire.
Jusqu’à ce que la mort nous sépare de Rick Mofina
Cette nouvelle se présente sous la forme de la transcription d’un interrogatoire de police.
Une femme est interrogée sur la mort suspecte de son mari.
L’horreur ! disait Kurtz de Camille Bouchard
Il s’agit ici de la nouvelle la plus longue de ce numéro 58.
Une émission se tourne en direct dans un studio télé. Une jeune femme est interviewée sur un homme s’occupant d’une ONG en Afrique. Dans le public, un Noir se lève, tire et tue la jeune femme. C’est Jérémie Moulin qui sera en charge de l’enquête, malgré sa retraite, car il y a un rapport entre ce meurtre en direct et la personnalité de l’homme dont parlait l’intervieweuse. Et cet homme est un ancien collègue de Moulin.
Bien que cette nouvelle soit d’une belle écriture, maîtrisée, dynamique, je l’ai trouvée un peu trop longue, et n’ai pas toujours réussi à savoir où l’auteur voulait en venir.
Articles :
La Corriveau frappe encore : sept questions à l’historienne Catherine Ferland
On a retrouvé la cage où avait été enfermée une jeune femme soupçonnée d’avoir tué son mari. Cela se passait au XVIIIe siècle.
Cette interview est passionnante. Elle nous raconte un fait divers étonnant, et l’historienne Catherine Ferland sait remarquablement bien expliquer la mentalité de l’époque, le parcours incroyable de la cage.
Conversation avec Chrystine Brouillet de Pascale Raud
Que dire de plus ? Les interviews d’Alibis sont toujours une véritable réussite et celle-ci ne déroge pas à la règle.
Toutes les chroniques habituelles complètent enfin l’ensemble (sauf Camera Oscura qui est disponible sur le site internet, par manque de place).
Encore un très intéressant numéro. Espérons que la revue perdure !