Oösram était un grand, jadis. Le meilleur général de Gal-Gorsëm, le premier au front, il est celui qui a mené les troupes naines à la victoire dans la guerre contre les elfes des Céliandes. Mais sa renommée est à la hauteur de son infamie. Il a mis la main sur l'or des elfes, une récompense personnelle, trahie par son second.
Le roi Doran l'a banni, a effacé son nom et a condamné toute sa famille à la pauvreté des Errants.
Les années ont passé, Oösram s'est établi avec les siens en fermier dans une région aride et vide. Mais le souvenir de son déshonneur court encore après lui. Son ancien peuple traite les Errants comme de la vermine sans valeur, indigne de leur regard et, a fortiori, de leur compassion. Oösram bout. Les humiliations, il ne peut plus les supporter.
On continue à parcourir les clans nains - les hors clans, ici, en fait - en compagnie de Nicolas Jarry qui nous a concocté une histoire de vengeance et de rédemption à la fois classique et divertissante. Aidé par le dessin réussi et adapté de Jean-Paul Bordier, on se laisse prendre sans problème à ce récit efficace, bien qu'il ne soit pas d'une grande originalité ni doté d'un suspense haletant. Les personnages (Oösram, son gendre et leur famille) sont attachants et bien construits autour des archétypes habituels de la fantasy. Ils existent dans un univers consistant. On s'y plonge sans retenue.
D'autant que, graphiquement, Bordier s'en sort avec les honneurs. Son coup de crayon est précis et fin, les mouvements sont étonnamment bien rendus et la mise en scène des cases est aux petits oignons, frétillante de vie et de détails.
Bref, l'association entre Jarry et Bordier fonctionne parfaitement et ce quatrième opus des Nains est un album plaisant et tout à fait divertissant.