Les Chroniques de l'Imaginaire

La Terre des morts (Les enfants de l'Atlantide - 4) - Simonay, Bernard

Astyan s'est installé au pays des Arc-en-ciels avec ses compagnons et tout se passe pour le mieux. Hélas, Alphéros, un prêtre de Yawevah, a convaincu des disciples d'attaquer le village des Kodyac en l'absence du Titan. Celui-ci trouve en revenant le village dévasté et son épouse Attalantë morte.
En traquant les coupables, Astyan met à jour une base abandonnée des Géants. Il y découvre des documents indiquant que les autres Titans, disparus depuis si longtemps, auraient été envoyés dans un univers parallèle via une faille spatio-temporelle située dans le Triangle des Bermudes. Ignorants de leur situation, ces Titans sont restés coincés sur Thanata, la Terre des morts.
Astyan prépare aussitôt une expédition de la dernière chance pour retrouver ses frères et sœurs. Il ne sera pas seul dans ce voyage, mais accompagné du fidèle Païdras et de la poignée de marins thuléens qui forment l'équipage de l'Arkas, de la jeune sauvageonne qui s'est attachée à ses pas, mais également d'une amie inattendue : Pléionée, la seule fille d'un couple de Titans à en être devenue une elle-même, se révèle finalement vivante et apparaît de manière fort opportune.

Changement de décor une fois de plus pour ce quatrième et dernier tome des Enfants de l'Atlantide. Après la préhistoire dans le premier tome et l'Atlantide dans le deuxième, c'est dans notre proche futur que nous emmène cette fois Bernard Simonay.
Car Thanata, la Terre des morts, est une version possible de notre Terre dans deux siècles d'ici. Certes, les noms ne sont pas tout à fait les mêmes, mais ils sont suffisamment proches pour qu'il n'y ait pas d'hésitation possible : nos héros bourlinguent ainsi sur les continents d'Améria et d'Eyrope, sous le prétexte de retrouver leurs compagnons disparus...

A partir de là, ce n'est qu'un long plaidoyer pour la défense de notre planète. On y découvre un monde dévasté et ultra-pollué, sur lequel ne subsistent plus guère de faune ni de flore, où l'eau est une denrée précieuse quand le ciel ne vomit plus que des pluies acides. Les océans sont infestés de monstres marins créés artificiellement mais dont on a perdu le contrôle, tandis que les terres sont peuplées de Mutants et de cannibales revenus à l'état sauvage. Le tout sous le contrôle de la toute puissante Compagnie mondiale, pour laquelle les êtres humains comptent nettement moins que le profit.
Mais le message n'est pas seulement écologique versus économique. Les excès de la religion sont également pointés du doigt. L'intégrisme a pris les commandes et les Puristes s'appuient sur leurs interprétations du Livre pour imposer leurs lois : tout le monde est surveillé en permanence, les femmes sont reléguées à l'état de ventres obéissants... Et le terrorisme reste florissant.
Une vision du futur qui fait d'autant plus froid dans le dos qu'elle n'est pas si improbable. Il suffit de voir l'actualité...

Le problème à mon sens, c'est que ces longs passages qui mettent en avant la décadence de notre société sont vraiment lourds, et très artificiels. On a l'impression que les péripéties plus mouvementées qui émaillent l'aventure ne sont là que pour servir de support à ces mises en garde sur notre futur si on ne réagit pas. A chaque pas, nos Titans sont confrontés à une nouvelle vision d'horreur sur notre avenir, qui donne lieu à de longs discours sur les origines de ceci. Par exemple, les explications finales d'Emmanuel sur le Christ et les causes de la chute de la civilisation représentent un monologue de près de cinquante pages, à peine entremêlées d'interjections des autres personnages qui lui donnent la réplique. La quête des Titans elle-même sonne peu vraisemblable : nos héros n'ont guère d'efforts à fournir pour tomber miraculeusement sur leurs amis, le principal n'est clairement pas là.

Dommage donc que l'aventure soit noyée sous le message. Cela reste globalement agréable à lire, mais plutôt longuet et parfois indigeste.