Les Chroniques de l'Imaginaire

Dangerous women (Dangerous women - 1) - Martin, George R.R. & Dozois, Gardner (dir.)

Ce recueil est le premier de deux. Il est constitué de nouvelles écrites exclusivement par des auteurs masculins, les œuvres issues de plumes féminines étant regroupées dans un second volume.

L'introduction, écrite par Gardner Dozois et évoquant l'existence de femmes dangereuses tant dans la réalité, du côté de la loi ou non, que dans la fiction, est suivie de :

Desperada, de Joe Abercrombie : comme le titre l'indique assez, c'est une histoire du Far Wild West, bien saignante, bien traditionnelle, bien convenue... à un détail près. Enfin... deux, si l'on considère que le mâle de l'espèce est sans conteste beaucoup plus fréquent !

Cocktail explosif, de Jim Butcher : dans cette Chicago alternative où les humains n'ont jamais été seuls, l'ex-apprentie et à présent héritière de Harry Dresden s'engage à retrouver, et si possible libérer, le vampire Thomas, demi-frère de Harry. Cette nouvelle est caractéristique de l'auteur des Dossiers Dresden, au moins dans cette œuvre, et il vaut mieux en être déjà familier pour l'apprécier à fond, surtout au niveau des relations entre les personnages.

Catcher Jésus, de Joe R. Lansdale : Il n'est jamais trop tard pour aimer une sorcière, ni pour s'en débarrasser. Il n'est jamais trop tard pour vaincre, sur le ring et en-dehors, le pire adversaire qu'on ait jamais eu. Une belle nouvelle sur le pouvoir de la mémoire, et sur la transmission.

Je sais comment les choisir, de Lawrence Block : d'une ville à l'autre, d'un bar à l'autre, il y a toujours une femme. Lui les connaît. A fond. Et... il sait comment les choisir. Une nouvelle désespérée, désespérante, glaçante sans y toucher, sans doute l'une des deux ou trois meilleures du recueil.

Des ombres pour Silence dans les Forêts de l'Enfer, de Brandon Sanderson : ces forêts sont dangereuses. Vraiment dangereuses. Et si les vieux colons comme Silence savent comment s'y comporter pour rester raisonnablement en sécurité, les étrangers, les citadins, n'en seront jamais capables. Et que ces incompétents prétendent lui voler sa prime rend Silence furieuse. Une nouvelle longuette, mais qui donne accès à un monde imaginatif, cohérent, et qu'on souhaiterait retrouver.

La fille du miroir, de Lev Grossman : cette nouvelle qui raconte une blague qui tourne mal dans une école de magie est un hommage assumé et amusant à la Poudlard de J.K. Rowling, bien sûr, mais aussi une histoire haletante, d'où l'on ressort intrigué par les coins d'ombre qui restent.

Annoncer la sentence, de S.M. Stirling : dans un monde où l'apocalypse a eu lieu tout récemment, et qui vient de redevenir primitif et violent, personne ne peut se borner à être gardien de prisonniers. Il ne peut y avoir qu'une seule sanction pour les crimes graves. Cette nouvelle est une intéressante réflexion sur le changement de paradigme et ses conséquences, montrés au jour le jour. Sans conteste l'une des deux ou trois meilleures.

Nommer la bête, de Sam Sykes : cette histoire décrit principalement deux formes de liens entre parents et enfants, dans un monde partagé entre des espèces ennemies.

La princesse et la reine, de George R.R. Martin : on retrouve ici une histoire du passé de Westeros, une rivalité entre une demi-sœur et un demi-frère targaryen pour la couronne de leur père. Cette nouvelle est aussi intéressante parce qu'on y voit dans quelles circonstances les dragons ont presque tous disparu. Cela dit, elle est selon moi à réserver aux fans absolus de l'auteur, car elle est trop longue et trop riche en personnages et références politico-géographiques pour que les autres ne s'y perdent pas.

Bien que d'intérêt inégal, ces neuf nouvelles sont trop variées pour ne pas retenir l'attention du lecteur, qui y trouvera sans nul doute son bonheur. On attend avec impatience la parution du second volume.