Les Chroniques de l'Imaginaire

Soeur Onden (La Fraternité du Panca - 4) - Bordage, Pierre

Klarel n’a pas trop le temps de souffler après les derniers événements. Elle est désormais Sœur Onden, et la Fraternité du Panca lui enjoint de reconstituer la chaîne quinte pour sauver l’humanité, en rejoignant au plus vite le premier frère dans le lointain système d’Alpha du Tarz, dans le bras de Persous. Pas question de prendre son temps, il lui faut à tout prix emprunter un vaisseau ADVL (Au-Delà de la Vitesse de la Lumière), mais ceux-ci restent rares même s’ils se sont vulgarisés.

Les opposants sont nombreux. En plus d’essayer d’éliminer les maillons de la chaîne pancatvique, ils ont décidé de lancer des assassins contre les dirigeants occultes du Panca. C’est ainsi qu’Ossia et Qwor, de la confrérie des Aswins, se lancent sur les traces de la mystérieuse organisation, qui laisse tellement peu de traces !

Bien loin de tout ça, Bent a atteint l’âge du Lust, ces courtes années de liberté accordées aux adolescents sur sa planète Iox pour jeter leur feu. Mais lui n’est pas intéressé par le sexe et les autres sujets qui passionnent ses camarades. Il en profite plutôt pour s’introduire régulièrement dans le temple de Dilah, qui cache un accès à un labyrinthe temporel. Les flots temporels l’obsèdent, tout comme la vision d’une belle femme défigurée qu’il est persuadée de devoir rencontrer un jour. Au risque de se perdre dans le réseau temps…

Ce quatrième tome de La Fraternité du Panca reprend un schéma désormais familier : une personne ordinaire doit donner le meilleur d’elle-même pour traverser la galaxie à la recherche d’un inconnu qu’elle n’a pas moyen d’identifier par avance, tout en étant tenaillée par le doute et poursuivie par des assassins. Klarel se sent particulièrement petite et perdue, elle se demande comment une paysanne d’une planète perdue comme elle peut se retrouver à porter le destin de l’humanité sur les épaules. Parfois, les cinq Piliers du Panca (obéissance, secret, droiture, vigilance et surtout confiance) vacillent et Klarel se sent prête à abandonner, persuadée d’avoir été un mauvais choix… Pourtant, elle va toujours de l’avant et finit bien sûr toujours par retrouver l’attitude juste.
Mais si Klarel ne sait jamais si elle va réussir à aller au bout de sa quête, ce n’est pas le cas du lecteur, qui se doute bien que la jeune femme va réussir à passer le relais au maillon suivant. Il est donc évident pour nous qu’elle va se sortir de toutes les situations, pour périlleuses qu’elle soit, et cela fait – hélas – un peu tomber la tension.

Au fil du voyage, Klarel va recevoir de l’aide, et on réalise que la Fraternité du Panca, si chiche d’informations pour ses envoyés, a toujours une longueur d’avance : bien souvent, la population locale lui apporte son soutien en raison de prophéties vieilles de plusieurs centaines d’années… Alors que nous étions dans le vague depuis le début du cycle, nous recevons enfin des réponses à ce sujet : ceci est lié à la flexibilité de l’espace-temps, qui est au cœur de ce tome-ci. Ainsi par exemple, Bent, en arpentant les couloirs du temps, découvre comment une planète peut évoluer et comment les légendes prennent naissance, pour ensuite s’insérer parfaitement dans l’œuvre du Panca. Tous ces détails nous permettent d’appréhender la profondeur de l’univers dans lequel on évolue ici.

A son habitude, Pierre Bordage n’oublie pas non plus de nous proposer un univers varié, à travers une prose magnifique. Les lieux étrangers s’animent, les entités extra-terrestres prennent vie, les sociétés se dévoilent sous nos yeux. Cette richesse extraordinaire du contexte est bien sûr un élément important pour entraîner le lecteur dans cette épopée, car le dépaysement est toujours au rendez-vous.

Tout au long de son périple, Klarel a conservé en elle la présence des Froutz, ces extra-terrestres qui lui donnent conscience de la nuée qui menace la survie de la vie dans la galaxie. On peut regretter leur discrétion, mais au moins sait-on ainsi que le danger est plus important que jamais. Vite, la fin du cycle pour savoir comment le dernier maillon va bien pouvoir affronter ce péril inimaginable !