Nous sommes en Finlande, en 1981. Raphaël Juntunen semble parfaitement heureux et détendu, vu de l'extérieur... La réalité est toute autre : même si Raphaël possède tout ce qu'un homme rêve de posséder, avec tous les signes extérieurs de richesse, il sait parfaitement que tout cela est illégal. Il s'agit du fruit d'un vol de plusieurs lingots d'or pur. L'ennui, c'est que Raphaël avait un complice, Siira, bien plus violent que lui. Et Siira est sur le point de sortir de prison... Et la première chose qu'il va faire, c'est retrouver Raphaël pour mettre la main sur le magot...
Alors, Raphaël n'a qu'une idée en tête : fuir la civilisation, se faire le plus discret possible afin d'être tout simplement introuvable... Bientôt, c'est dans une vieille demeure de chasseur et bûcheron, perdue dans la forêt, que Raphaël trouve refuge...
A des lieues de là, dans une caserne de l'armée, le major Gabriel Remes a bien des soucis, lui aussi... Seul à son bureau, il est sur le point de se suicider, pour en finir avec une vie bien trop stricte, et surtout pour en finir avec ses problèmes d'alcoolisme... Mais Remes ne parvient pas à se suicider et il a maintenant à prendre des vacances, des vraies, histoire de changer d'air... Ainsi, Remes décide d'aller faire un tour du coté d'une veille bicoque qui sert de refuge à un hurluberlu qui ose s'attaquer aux tanks de l'armée en plein exercice dans ce coin reculé.
Très vite, et malgré des caractères diamétralement opposés, la mayonnaise prend entre Raphaël et Gabriel... Le premier est intelligent et fortuné, refusant de dévoiler son secret et sa cachette à Gabriel. Le second est entêté et assez naïf, et obéit bien trop facilement aux ordres du premier... Bientôt, l'ex-major entreprend de terribles travaux afin de rendre le refuge plus accueillant. Gabriel se met surtout en tête de chercher de l'or, lui aussi, afin d'être aussi riche que Raphaël...
La forêt des renards pendus est à la base un roman d'Arto Paasilinna, auteur finlandais prolifique s'il en est (Le lièvre de Vatanen, Petits suicides entre amis...). L'univers d'Arto Paasilinna, repris ici par Nicolas Dumontheuil pour le compte du neuvième art, est habituellement empreint d'un humour décapant et de situations ubuesques et hilarantes : ce n'est pas La forêt des renards pendus qui dérogera à cette règle.
Et pour cause ! En plus d'un humour certain, les personnages d'Arto Paasilinna sont bien souvent parfaitement attachants, chose qui est parfaitement retranscrite dans cette adaptation en bande dessinée, grâce au dessin clair et épuré de Nicolas Dumontheuil. C'est beau et lisible à souhait : en un mot, parfait pour reprendre ce genre d'histoire un peu déjantée.
Les personnages sont peu nombreux, mais tous terriblement crédibles dans leur rôle, sans oublier cette vieille dame de 90 ans qui est recherchée dans tout le pays, et qui trouve refuge dans une demeure devenue bien cossue, au fin fond des forêts finlandaises. Mention spéciale également pour ce renard qui émaille à sa façon ce récit, adoucissant les traits de caractères des deux protagonistes principaux.
Un livre plein d'humour donc, qui paraît chez Futuropolis, et qui se dévore sans que l'on s'en rende compte : vivement la prochaine adaptation en bande dessinée de cet auteur, après tout ce n'est pas le matériel qui manque !
