Au début du XXème siècle, la préfecture de Yamanashi au Japon est un milieu rural, où la vie est dure mais où le temps s'écoule lentement. C'est là que Tomoji Uchida, née en 1912 dans une famille modeste, va grandir et affronter les épreuves qui la construiront. Elle va perdre plusieurs de ses proches et devoir travailler dur pour participer à la survie de sa famille. Pourtant, cela ne va pas entacher sa détermination à continuer à avancer. Jusqu'à sa rencontre avec son cousin Fumiaki Itô, qu'elle épousera en 1932, auprès duquel elle s'épanouira.
A travers la vie quotidienne de Tomoji, on découvre toute l'existence ordinaire de la campagne japonaise pendant l'ère Taishô (1912 à 1926) et le début de l'ère Shôwa (1926 à 1989). Pourtant, si Jirô Taniguchi a choisi de nous relater son histoire, c'est aussi sur commande du temple bouddhiste Shôjushin, dans la région de Tokyo, fondé par Tomoji Uchida et son mari. Il s'en explique dans une interview incluse en fin d'ouvrage. Il a choisi de nous présenter Tomoji à travers son enfance et son adolescence. Le récit repose bien entendu sur des faits réels, mais la biographie a été "fictionnisée" pour rendre plus vivantes cette femme et son époque. Le célèbre mangaka s'est associé à Miwako Ogihara pour fournir un scénario respectant ce que l'on sait du personnage tout en intéressant le lecteur.
Force est pourtant de constater que cela manque d'action. Les malheurs de Tomoji fournissent des rebondissements, mais l'ensemble a un rythme lent qu'il faut savoir apprécier. Au fil des pages, on découvre une vie simple, le quotidien rural dans une époque où la vie était difficile. Cela risque donc d'ennuyer ceux qui attendent un certain suspense, car c'est plus une ambiance qui est mise en avant.
Les dessins de Jirô Taniguchi sont toujours aussi précis et détaillés. C'est fluide et très agréable à l’œil. Impeccable.
Si je devais mettre un petit bémol, c'est que ses dessins de personnages masculins sont un peu répétitifs : Peut-être est-ce dû à mon œil d'Occidentale incapable de différencier des Japonais les uns des autres, mais je trouve que Fumiaki ressemble énormément à d'autres personnages déjà dessinés par le mangaka dans de précédents ouvrages...
A noter que la BD, principalement en noir et blanc, propose les têtes / fins de chapitres en couleur, conformément à la prépublication en magazine au Japon. Joli !
Au final, c'est une BD sympathique qui ravira les fans de Jirô Taniguchi, mais elle ne fait pas partie de mes préférées pour ce talentueux mangaka, à cause de son rythme trop contemplatif à mon goût.