Au centre du salon d’une villa inhabitée de l’arrière-pays hollywoodien trône une tête sans corps. La mise en scène est saisissante. Aucune trace du corps. Aucune trace du meurtrier. A l’exception, peut-être, du mot "Justice" gravé en hébreu sur le plan de travail de la cuisine. S’agit-il d’un crime racial ? D’une vengeance communautaire ? D’une fausse piste ?
Jacob Lev, ancien inspecteur de la brigade criminel du LAPD, récemment muté à la circulation suite à des problèmes de comportement, se voit confier l’affaire par la très mystérieuse brigade des Projets Spéciaux. Son nouveau chef ne le lui a pas caché, si Jacob a été choisi pour ce cas, c’est avant tout parce que lui-même est juif. A lui de démêler les fils de ce mystère en renouant avec sa communauté et sa foi perdue.
Son enquête va le mener jusqu’à d’anciens mythes yiddish et jusqu’à Prague, la ville de naissance du Golem. Mais qui se cache derrière ce meurtre : un mythe, ou un homme ?
Ce thriller proposé par Kellerman, père et fils, connaît des hauts et des bas certains. Premier tome d’une nouvelle série policière, il a pour but de présenter les personnages et de poser les bases de la mythologie qui va sous-tendre l’ensemble de la série.
Côté mythologie, rien à dire : le mystère entourant le Golem est plutôt bien ficelé. Les Kellerman nous offrent également une relecture des origines bibliques de l’humanité à travers un récit parallèle à chaque début de nouvelle partie qui nous laisse longtemps nous demander où cela va nous mener. En parallèle, le récit est très fortement ancré dans la culture et les rites de la religion juive, si bien que pour le néophyte, on a l’impression d’être intronisé au sein de ses Mystères.
Le bât blesse plus franchement côté personnages. Jacob Lev est un cliché sur pattes du flic hollywoodien : alcoolique, désabusé, paumé, en mal de femmes, accro au boulot, solitaire. On rajoute une louche de problèmes familiaux et de crise identitaire, et le tour est joué. Très décevant de la part d’un auteur versé dans le thriller psychologique parce que de profession psychologue. Les personnages secondaires ne relèvent pas tellement le niveau. Ce n’est pas parce que le roman est estampillé "mystère" qu’il faut nécessairement que les personnages secondaires soient creux et inconsistants.
Seuls les personnages du récit parallèle s’en sortent honorablement, comme si finalement c’était la seule histoire qui intéressait vraiment les auteurs.
Ce qui nous emmène au dernier point noir du livre : son intrigue principale ! Il s’agit d’un roman policier et le flic en charge de l’enquête erre d’une piste à l’autre sans grande conviction, nous entraînant dans son parcours décousu sans qu’on puisse en deviner la prochaine étape. Pire, lorsque l’enquête arrive à son final, la résolution est confuse et les explications tant attendues ne viennent pas. Alors certes, il va y avoir une suite, mais un livre est une unité et nécessite tout de même une clôture digne de ce nom, au moins concernant l’intrigue principale. Espérons que le second tome relèvera le niveau très perfectible de ce polar.