Les Chroniques de l'Imaginaire

La fabuleuse Gilly Hopkins - Paterson, Katherine

Gilly est une fillette de onze ans qui est sur le point être placée dans une nouvelle famille d'accueil à Thompson Park. La troisième en autant d'années. Sa nouvelle maison d’accueil n'est plus très belle et ses occupants, l’énorme madame Trotter et le petit William Ernest, dégouttent immédiatement Gilly.
Mais l'assistante sociale ne lui laisse pas le choix. Elle s'y installe donc tout en découvrant que l'intérieur de l'habitation n'est pas très bien entretenu non plus. Le comble, c'est qu'en plus, le repas du soir est partagé avec monsieur Randolph, un vieillard noir et aveugle débordant de flatteries pour la cuisine tout à fait ordinaire de Maime Trotter. Le lendemain, son attitude pour faire enrager Maime Trotter échoue. Alors, elle est bien obligée d'aller dans la vieille école du quartier. Sa maîtresse et beaucoup d'élèves de sa nouvelle classe sont de couleur, ce qui la froisse d'autant plus qu'elle s'aperçoit qu'elle est en retard dans le programme scolaire par rapport à ses camarades.

Le soir, en rentrant à la maison, elle a la surprise d'avoir une lettre de sa vraie mère qui souhaiterait l'avoir près d'elle. Gilly décide alors qu'elle va fuguer pour échapper à ces lieux misérables et rejoindre sa mère en Californie. Mais d’abord, il lui faut trouver de l'argent...

Emportée par la colère provoquée par les souffrances subies lors des adoptions précédentes, Gilly arrive dans une famille d'accueil atypique où elle va tout rejeter en bloc, comme d’habitude. Allant jusqu'à envoyer une lettre en douce à sa vraie mère pour se plaindre de ses conditions de vie et demander de l'aide financière pour la rejoindre. Mais justement, en se comportant différemment avec Gilly, cet entourage va réussir à la calmer et lui donner quelques leçons de vie qui vont la métamorphoser.

Katherine Paterson a écrit un magnifique ouvrage. Avec des phrases simples et en moins de deux cent pages imprimées en gros caractères, elle nous fait ressentir tout une palette d'émotions. En commençant par du mépris pour cette fillette, certes malheureuse, mais qui est une vraie peste. La tristesse, quand on perçoit les fractures qui ont façonné son mauvais caractère. Puis l'affection quand Gilly se transforme tout doucement en Galadriel, jusqu'à une fin en qui m’a vraiment ému.

Bien que les pensées de Gilly soient parfois dures (il faut les replacer dans son contexte, c'est-à-dire des États-Unis des années soixante-dix où des relents de ségrégation raciale sévissaient encore dans certains états), il serait dommage de passer à côté de ce petit bijou sur la thématique de la famille qui est souvent abordée en classe par les lecteurs du même âge que Gilly.