Je ne vais guère être originale en vous disant que ce numéro 59 d'Alibis est encore une véritable réussite !
On attend chaque numéro longtemps, mais on comprend pourquoi tant, à chaque fois, on est comblés !
Dans ce numéro, ce sont quatre excellentes nouvelles qui nous sont offertes, un excellent article sur Les Printemps Meurtriers 2016, une interview exceptionnelle et en prime une cinquième nouvelle écrite à quatorze mains.
Le cri des fillettes mortes de Pierre-Luc Lafrance, Prix Alibis 2016
Julie s'occupe de personnes âgées, dans une maison de retraite. Un de ses résidents, M. Gagnon, est gravement atteint d'Alzheimer. Elle tente de prendre contact avec lui en lui faisant écouter de la musique.
Et cela marche ! Mais les mots que le vieillard va prononcer vont la mener à des révélations terribles.
Une histoire magnifiquement bien menée, remarquablement bien écrite, un véritable thriller condensé en quelques pages. Et une chute surprenante également.
On en redemande ! Le prix Alibis est totalement mérité pour cette nouvelle.
Ils sont arrivés dans le soleil de Yves-Daniel Crouzet
Un couple de quadragénaires aborde un jeune homme qui prend un bain de soleil sur la plage. Il semble qu'ils le prennent pour quelqu'un d'autre.
Mais lorsqu'il recroise la femme le lendemain, seule, il est terriblement attiré par son sex-appeal et finit par accepter de rentrer dans leur jeu en se laissant appeler Mickael. La femme est diablement attirante, et le mari bien complaisant.
Jusqu'où va aller cette étrange rencontre ?
Une histoire rondement menée, intrigante, surprenante. Encore une réussite !
Un seul petit instant de Rick Mofina
John Devlin est un homme tranquille, effacé, évitant la bagarre à tout prix, quitte à perdre sa dignité devant son fils. Il était le bouc émissaire d'enfants voyous dans son enfance et en a gardé le traumatisme et la conviction qu'il valait mieux accepter les coups que les rendre.
Jusqu'au jour où...
C'est une belle histoire, bien racontée, avec une chute surprenante. Une belle leçon de vie !
Matelas de pierre de Margaret Atwood, Prix Arthur-Ellis 2015
Verna est une fringante jeune retraitée. Elle participe à une croisière dans l'Arctique dans le but de se dégotter un cinquième mari. Si possible malade et argenté...
Mais c'est sur un ex camarade de lycée qu'elle va tomber. Celui qui a bouleversé sa vie à jamais.
Sa réaction sera terrible.
Efficace. Maîtrisée. Un vrai bonheur de lecture !
Cette nouvelle a remporté le prix Arthur-Ellis en 2015.
Les Printemps meurtriers de Knowlton 2016 par Morgane Marvier
Morgane Marvier raconte dans cet article, avec un immense talent, tout ce qui s'est passé lors de ce festival international de littérature policière.
C'est vivant, richement documenté, on s'y croirait ! Et surtout ça donne vraiment envie d'y aller ! Différents ateliers sont décrits, les rencontres avec les auteurs, les jeux, les échanges entre tous.
Et c'est au cours de l'atelier d'écriture collective que sept festivaliers non-écrivains ont, sous la direction de Benoît Bouthillette, écrivain, écrit leur propre nouvelle policière.
Barre bien la porte mon ange
L'histoire commence avec un drame familial : un jeune garçon est enlevé sous les yeux de sa sœur, impuissante, tandis que leur mère faisait les courses à l'épicerie.
Cinquante ans plus tard, Johanne ferme l'auberge lorsqu'un homme qu'elle ne connait pas entre.
Cet homme est en fait son frère.
Comment va réagir sa sœur ?
Cette histoire est surprenante, et relativement bien écrite pour des personnes non écrivains. Elle mériterait bien sûr d'être un peu plus étoffée, elle manque un peu de corps, mais pour des novices en la matière on peut dire que c'est une réussite.
Conversation avec Richard Ste-Marie de Pascale Raud
Je sais que je me répète, encore et encore, mais j'adore les interviews publiés dans Alibis !
Ici, on fait la rencontre d'un auteur à la vie vraiment riche, musicien, professeur, artiste, et enfin écrivain. Quelle vie passionnante ! Tout comme cette conversation qui est un véritable régal.
