Nous sommes à Londres, en 1220. Le chevalier Amaury de Chatillon est sur le point de participer à un tournoi, et on lui apprend que son premier combat, contre Eudes de Champagne, sera un combat à mort. Amaury accepte le combat avec cette règle, malheureusement pour lui... Car bientôt, Amaury est blessé mortellement à la tête : à présent, ce sont ses souvenirs qui défilent, notamment tous ces moments passés avec une certaine Ariana...
Les souvenirs en question nous amènent seize ans plus tôt, à Constantinople... La grande ville est assiégée par les Croisés et les Vénitiens, lors de la quatrième croisade. Amaury voit d'un mauvais œil les pillages et les viols orchestrés par les Vénitiens. Bientôt, il se met à défendre une fille grecque, Ariana, en mettant à mal un certain Eudes de Champagne. Amaury empêche Ariana d'achever le chevalier, et fuit avec la jolie grecque...
La fuite en question entraînera le couple bien plus loin que ce qu'il imaginait au départ, d'autant qu'Ariana a dû soigner Amaury durant plusieurs jours. Les compagnons fuyards deviendront vite bien plus que cela, et Amaury verra bientôt bien plus qu'une simple femme en regardant Ariana. Cette femme est totalement indépendante, courageuse (y compris au combat), et n'hésite pas à braver les bonnes mœurs pour arriver à ses fins. Une femme bien loin des autres femmes du Moyen-Âge !
Fred Duval et Jean-Pierre Pécau remettent le couvert de l'uchronie historique, avec ce tome 25 (!) de Jour J, qui paraît toujours chez Delcourt. Pour cette nouvelle aventure, les scénaristes ont choisi comme point de départ la quatrième croisade, et n'hésiteront pas à parler des Templiers, des francs-maçons, des jeux de pouvoirs entre souverains français et anglais, et également du fameux Robin des Bois. L'histoire, vous l'aurez compris, est vaste, couvrant une période relativement méconnue du Moyen-Âge. L'uchronie ne sera donc pas forcément toujours palpable, en dehors sans doute d'une cathédrale Notre-Dame qui est construite... à Londres !
Mais pas de souci pour autant, car les personnages choisis ici, Amaury de Chatillon et Ariana, sont tout de même franchement plaisants à suivre. Les dessins soignés et détaillés du serbe Léo Pilipovic (Le Grand jeu, Histoire Secrète...) ne sont sans doute pas étrangers à cela. Les scènes de combat, fréquentes, sont parfaitement réalistes, notamment avec les mouvements que le dessinateur parvient souvent à insuffler dans les grands gestes d'épée. Les scènes de nu, quant à elles, mettent en scène le corps d'Ariana souvent bien trop parfait pour être réaliste pour l'époque. Il n'empêche, cela reste plaisant...
Un tome réussi, même s'il souffre de quelques défauts, et qui bénéficie d'une magnifique couverture de Ugo Pinson et Fred Blanchard !
