Winston est un jeune artiste qui débute sa carrière, notamment en organisant sa première exposition de dessins, à Paris. Il a tout pour bien démarrer dans sa vie professionnelle, entre un travail intéressant et une petite amie qui l'attend, bien loin de là, puisqu'elle est au Japon... Mais en ce jour d'automne, tout bascule lorsqu'une douleur cuisante monte du genou droit de Winston. Une douleur telle que Winston se retrouve par terre, en pleine rue, dans l'indifférence générale...
Bien entendu, l'inquiétude est de la partie, même si elle n'est encore que diffuse... Les premières convictions de la médecine évoquent un problème de ménisque, qui survient à priori neuf années après une chute de ski... Winston n'est guère convaincu, mais puisque la science est formelle, il est prêt à se résoudre. Mais cela n'est pas le cas de la mère de Winston, qui travaille dans ce milieu... Et grand bien lui en prend : rien n'est cassé, mécaniquement, chez Winston... La science ne peut pas grand chose pour ces étranges douleurs (qui gagnent maintenant également l'autre genou...) !
L'inquiétude est bien sûr grandissante, mais Winston n'en peut plus de rester enfermé dans une chambre, à attendre que les douleurs veuillent bien se calmer. Un soir, ainsi, il se retrouve dans un bar et finit par discuter avec une jeune et jolie jeune fille, avec laquelle il va bientôt tromper Natsuki, sa petite amie japonaise. Winston est rongé par les questions, mais les douleurs se sont calmées, et bientôt le jeune artiste s'envole pour le Japon afin d'y trouver un travail. Direction la petite ville de Takamatsu...
Une fois sur place, Winston va vite recommencer à s'interroger. Il se rend compte qu'il n'est plus du tout sûr de son amour pour Natsuki. Et entre le réveil de ses douleurs et le fait de rencontrer des gens qui vont lui permettre de faire un bond professionnel, il n'est pas certain que sa relation avec Natsuki tienne le choc...
Quelle belle découverte ! Ce premier tome de Le cycle d'Inari, qui paraît chez Delcourt, est l'occasion de se retrouver confronté à deux cultures bien différentes. D'un côté, on a un jeune actif qui se démène dans une vie parisienne que l'on connaît bien, et de l'autre on le retrouve, personnage profondément attachant et totalement éloigné de ses racines, dans un Japon et une relation en dents de scie avec une petite amie qui n'agit pourtant que pour le bien de son aimé... Deux chocs de cultures très différentes, d'autant que nous sommes dans une petite ville japonaise où les traditions, notamment familiales, ont encore une grande place.
L'autobiographie se lit, ou plutôt se dévore, en un clin d’œil. Winston Wilsteiner raconte une histoire à l'intérêt immédiat : dès la première page, on est littéralement happés par cette écriture qui nous parle directement, sans fard. Les dessins, magnifiques avec des couleurs douces et adaptées, font la part belle à la lisibilité avec un côté épuré des plus plaisants. On est à mi-chemin entre de la BD traditionnelle et du manga, et il est particulièrement envoûtant que cette double culture se ressente même à travers les planches.
Un premier tome d'une grande beauté et d'une grande maîtrise qui constitue la très belle découverte de ces derniers mois : à découvrir d'urgence, et à mettre entre toutes les mains !