Les Chroniques de l'Imaginaire

Le moineau rouge - Matthews, Jason

La guerre froide a beau être terminée depuis des années, les meilleurs ennemis sont toujours la CIA et le SVR. La technologie et la politique ont changé mais les techniques de base et les objectifs du renseignement international n'ont pas bougé. Il faut des hommes et des femmes sur le terrain pour récolter des informations auprès d'autres personnes qui ont un grief contre leur pays.

Nate Nash est l'officier de la CIA en poste à Moscou qui a la charge de faire la liaison entre son agence et leur meilleure taupe, un haut gradé de l'ancien KGB devenu SVR. Sur un coup de malchance, la rencontre d'un soir tourne mal mais, heureusement, sans dommage physique pour les deux espions. Nash est muté hors de Russie pour calmer la situation. Par contre, du côté russe, s'ils n'ont pas appris l'identité de leur traître, ils connaissent désormais le nom de son agent de liaison.

Si l'antenne de la CIA d'Helsinki compte un personnel de plus, leurs collègues de l'ambassade russe également. Dominika Egorova y est transférée avec pour mission de retourner l'Américain.

J'aime bien les romans d'espionnage, je n'ai donc pas hésité longtemps avant de choisir ce Le moineau rouge, écrit par un ancien officier de la CIA. Globalement, ce bouquin tient ses promesses et est clairement un bon divertissement. Le récit est correctement bâti, les acteurs principaux sont intéressants et attachants. Le mélange marche et est prenant.

Toutefois, les habitués de ce genre de roman n'apprendront pas grand chose sur la politique internationale, la nouvelle Russie et le monde du renseignement qui se cache derrière. Le texte est plutôt maigre de ce côté. Pareillement, ce manque de documentation se fait ressentir dans la vision très basique que l'auteur américain a de l'Europe. Allez, le premier Français rencontré s'appelle Delon (on évite de justesse le Valjean, voire le terrible Durant) ou la VoPo à Munich (le chancelier allemand se nomme Honecker, c'est bien connu), odeur de bière et de saucisse en fond. Vous ne pouviez pas faire mieux, monsieur Matthews ?
Heureusement, les techniques de terrain sont, quant à elles, bien présentées et on sent l'expérience pratique derrière.

Ensuite, il est désolant de lire dans les années deux mille dix, un texte qui se veut réaliste aussi caricatural. Les Américains sont bons, gentils et s'ils font des sales coups, c'est parce que ce sont des pros alors que les Russes sont toujours méchants, cruels et mangent des enfants avec de la crème aigre (sauf les traîtres, bien sûr). Un simple équilibrage entre l'héroïsme et l'incompétence aurait mis ce livre sur un autre niveau.

Enfin, le récit aurait gagné à être raccourci et condensé. On aurait, ainsi, évité les longueurs qui tuent le rythme déjà lent de l'histoire et pas mal de répétitions. D'ailleurs, sur ce dernier point, Matthews adore deux expressions : l'insigne honneur (il a dû être scout) et la crème aigre dont il arrose toutes ses recettes de fin de chapitre.

En conclusion, Le moineau rouge est un roman divertissant, un bouquin lentement cadencé, à l'ambiance très guerre froide des années soixante. C'est une bonne pioche et malgré tous ses défauts, je n'en suis pas déçu.