Les Chroniques de l'Imaginaire

La captive des hommes de bronze (Mysteria - 1) - Simon, Valérie

Jim vit sur Mysteria depuis toujours. Le jeune garçon prend plaisir à découvrir cette planète sur laquelle ses parents ont été envoyés afin d'y reconstruire leur vie dans de meilleures conditions. En effet, la Terre n'est plus cette planète qu'ils ont connue et beaucoup décident de repartir de zéro sur Mystéria. Mais lors d'une sortie de Jim où il emmène sans en avoir le choix sa très jeune sœur Jessica, leur domaine est attaqué par les De-shirs. Sa famille, assassinée, Jim et Jessica sont enlevés. En chemin pourtant, Jim se retrouve éloigné du groupe qui ne garde plus que Jessica, abandonnant le jeune garçon à son sort. Il ne devra sa survie qu'à une chance inouïe. Après avoir passé douze ans sur Terre, Jim a bien changé, mais un espoir est toujours aussi vivace en lui : retrouver sa jeune sœur qu'il sait être encore en vie.

Mystéria me tentait depuis sa sortie. Subtil mélange entre fantasy et science-fiction, même si pour ma part je classe ce roman uniquement en SF (du fait que la majorité de l'action se situe sur une planète autre que la Terre). Du coup, je ne comprend pas qu'il soit classé en fantasy, ce qui pourrait tromper de potentiels lecteurs.

Revenons-en à ce roman. Valérie Simon trompe ses lecteurs. Quoi ? Arnaque ? En fait si vous avez déjà pu lire l'auteure, vous remarquerez que le style est différent. Valérie, un caméléon ? Je le pense bien. Il y a quelques jours, je lisais Séismes de l'auteure et autant vous dire que Séismes est simple à lire et rapide, à l'inverse de ce roman de SF. Norma,l me direz-vous, ici point de bit-lit mais de la SF comme on l'aime. Parce que oui, j'ai aimé ce roman. J'aurais mis le temps pour le lire, parce que l'air de rien il est dense et complexe et que parfois je perdais le fil. Faut dire, suivre Jim n'est pas de tout repos, il lui arrive sans cesse quelque chose au pauvre jeune homme ! Si je parlais de chaque point noté sur ma feuille, la chronique serait si longue, qu'il vous faudrait plus d'une heure pour la lire. Je vais donc choisir les points à aborder avec vous, les bons comme moins bons côtés.

Les 96 premières pages placent le contexte dans lequel on va évoluer en compagnie de Jim. On découvre donc Mystéria, cette planète dont on a tant vanté les mérites et qui s'avère hélas très dangereuse. Sa faune et sa flore à nul autre pareil seront un danger de poids et notre héros ne le sait que trop bien. Jim a douze ans à ce moment-là et il apprécie pourtant l'univers qui l'entoure, même s'il est conscient de sa dangerosité.

"Personne ne les avait prévenus que Mysteria était un monde aussi sombre qu'archaïque. Personne ne leur avait dit que derrière la beauté sublime des paysages préservés se cachaient des tréfonds inavouables remplis de cauchemars et de prédations, des bêtes voraces semblables à d'antiques dinosaures, des plantes rampant et suçant, des tempêtes dévastatrices et des indigènes d'une primitivité hallucinante. Le Gouvernement fédéral était trop heureux d'offrir à ses indigents un voyage sans retour qui épurait la population de la Terre." (page 23)

Alors oui, l'univers est étouffant et dangereux, mais il possède aussi quelque chose de beau et de pur. L'Homme ne l'a pas encore détruit comme il l'a fait avec la Terre, raison pour laquelle beaucoup sont envoyés sur Mystéria. La Terre est trop peuplée, trop polluée, elle se meurt. Le seul moyen de survie, ce fût d'envoyer des Hommes coloniser une partie de Mystéria, peu importe le danger.
L'univers m'a captivée. J'ai été séduite par les De-Shirs bien trop peu présents à mon goût et par la faune et la flore environnant. Premier très bon point à l'auteur dont on saisi très vite qu'elle aime la nature. (merci aussi au lexique en début de roman, très utile et efficace pour savoir de quoi on parle).

"Cet agaune-là était véritablement fabuleux.
Sa tête était longue et puissante, munie au-dessus du front de trois andouillers aux extrémités ébréchés qu'il pointait avec arrogance. Son museau surmonté de narines extrêmement mobiles était garni de crocs grands comme une main d'homme, à l'apparence tranchante. La crinière drue qui venait de l'échine remontait jusqu'à l'arrière du crâne, déployant son épaisse toison. Ces crins servaient vraisemblablement à amortir des chocs démesurés récoltés lors de combats. Dernier détail, une coulée d'écailles d'un gris sombre à l'éclat métallique faisait aux yeux fixes, froids et cruels, un écrin qui ne cillait jamais." (Page 44)

Une fois Jessica enlevée et Jim renvoyé sur Terre, on a un court passage pour nous parler de la vie Terrienne et elle n'a rien de beau. Vraiment. Elle est devenue laide, asphyxiante. Les Hommes pour la plupart n'attendent donc plus qu'une chose : partir sur Mysteria et rêver d'une vie meilleure. J'ai aimé la vision de l'auteur sur notre Terre du futur. Criant de crédibilité si l'on continue comme cela. Et j'aurais aimé un peu plus de passages sur notre planète pour vraiment prendre toute la mesure de l'ampleur du désastre.

"La civilisation terrienne phagocytait depuis des siècles les moindres espaces libres, étendant les cités au-delà des pays, et les pays au-delà des continents. Les arbres ne trouvaient plus asile que dans d'énormes serres agro-industrielles ou, pire que tout, dans de petits pots que les nostalgiques d'un temps révolu accrochaient à leurs fenêtres. Ces micro-jardins étaient à peine verts. L'air trop pollué abandonnait sur les feuilles un dépôt que la pluie ne nettoyait pas. Tout était sale. Tout était mort avant l'heure." (Page 101)

La Terre morte, froide et effrayante. Autant dire qu'on ne souhaite pas y vivre du tout.

Si l'univers m'a plu et enchanté, j'ai eu plus de mal avec Jim. Ce jeune homme qui a tant subi à l'âge de douze ans et qui ne vit plus que dans l'optique de retrouver sa sœur suite à la promesse qu'il lui a faite lorsqu'elle a été enlevée par les De-Shir. Alors tout au long de ma lecture, j'attendais de voir s'il allait tenir sa promesse. Et bien, on se pose encore la question à la fin de ce premier volet. Parce que Jim va vivre une aventure palpitante, mais un peu trop à mon goût. Et c'est, je pense, le principal défaut à mes yeux.

Je m'explique. Pendant les 130 premières pages, j'étais complètement sous le charme. Vraiment. J'adorais ce que je lisais et découvrais au fil des pages. Mais une fois que Jim revient sur Mysteria, je n'ai plus ressenti le même intérêt. Parce que le périple de Jim est intense, mais beaucoup trop. Entre les tempêtes, les ennemis, les animaux sauvages, le sergent qui le poursuit et son guide qui m'a fait penser à un mélange entre Indiana Jones et Han Solo, j'avoue qu'il y avait trop d'éléments qui se succédaient et me perdaient au fur et à mesure.

Et c'est l'un des principaux problèmes : le trop d'action et d'événements. Il ne se passe pas une page sans que Jim ne subisse l'assaut d'une violente tempête dans le Bush, affronte des animaux sauvages, se retrouve face à des De-shir ou des esclavagistes... Et à force, on commence à se douter que Jim va en réchapper à chaque fois. Blessé souvent, il survit à tout et l'intérêt est moins fort pour le lecteur, c'est du moins mon ressenti personnel.

En bref, La captive des hommes de bronze est un bon roman de Science-fiction qui propose un univers enchanteur et dangereux sous son aspect sublime. L'auteur y a mis du cœur et du temps, et l'effet est plus que réussi pour l'univers. J'ai eu un coup de cœur non pas pour le roman, mais pour l'univers de Mystéria. Vraiment. La faune et la flore : wahou ! Bluffant ! Par contre sur l'histoire en elle-même, j'ai trouvé que le héros subissait trop de choses pour un premier opus et que du coup l'intérêt du lecteur en était diminué.