La chose alien rongeant Vénus a éjecté un objet qui s'est mis en orbite autour d'Uranus. L'ensemble a formé un anneau entourant la planète et a été placé sous étroite surveillance. Dans la zone, des vaisseaux militaires des Nations Unies terrestres font face à la flotte martienne et à un élément de la Ceinture. C'est un filet serré qui observe l'évolution du phénomène alien. Rien ne doit passer au travers, de l'intérieur ou de l'extérieur. Jusqu'à ce qu'un Ceinturien dérangé fonce dans le tas avec son vaisseau personnel. Il disparaît avant que les premières torpilles ne le touchent.
Après un deuxième tome passablement déplaisant, je m'attendais à une bonne correction pour celui-ci. Le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne commence pas sur les chapeaux de roue. Il faut attendre quelques cent soixante-dix pages avant un sursaut après lequel l'histoire gagne petit à petit en consistance. Néanmoins, il ne quittera jamais ma zone d'ennui, voire d'exaspération.
Clairement, si La porte d'Abaddon n'était pas une lecture commandée, je n'aurais pas fait autant d'effort à lire ce récit sans accroche. James S.A. Corey a du mal à développer son histoire (la protomolécule, ses origines, ses dangers et ses conséquences sur l'humanité, on s'en fout un peu, non ?) et ses acteurs (on reste sur un chapitrage par héros), ce qui était un de ses points forts. Hormis Holden (que son équipage n'a toujours pas balancé dans le sas de sortie pour l'espace sans combinaison), ces derniers sont tous nouveaux par rapport à La guerre de Caliban. Je regrette la Bobbie, marine martienne "doomesque" du tome précédent.
Ici, nous avons une religieuse archétypale ("tout le monde il est gentil et je suis leur maman qui leur apprend la vie"), une sœur vengeresse (Abraham et Frank, les gars qui se cachent derrière le pseudonyme Corey, n'avaient rien de mieux que ce truc digne du deux centième épisode d'une série qui aurait dû s'arrêter après une saison) et le chef de la sécurité du vaisseau Béhémoth de l'APE qui, même s'il souffre de tous les poncifs du genre, est le plus digeste.
Je continue à trouver dommage le traitement que les auteurs appliquent à leur univers, potentiellement très chouette s'il n'était pas pollué par des comportements enfantins, des dialogues pénibles et un scénario aussi peu captivant. A côté d'un récit mince sur lequel les auteurs ont greffé à la va-vite des complots hasardeux, des explosions, des retrouvailles et des retournements de situation incohérents, ceux qui tiennent la palme de La Porte d'Abaddon sont les religieux représentant les fois traditionnelles (chrétiennes, faut pas rigoler non plus) de notre monde. Horripilants et, à mon goût, leur présence dans l'univers de The Expanse ne fait aucun sens.
Enfin, au niveau du texte en lui-même, le travail proposé par Corey est banal, avec son lot de répétitions et de pseudos surprises visibles de loin, lorsqu'elles ne sont pas noyées dans le récit au point qu'on les loupe complètement. Notez également que la fin est dépêchée sans beaucoup d'explication, le livre devenait-il trop épais ?
La porte d'Abaddon ne m'enchante donc guère. Toutefois, si je devais la conseiller à un groupe de lecteurs, je la suggérerais, sans arrière pensée, à des gamins de quinze ans peu expérimentés dans le genre SF qui ont envie de lire quelque chose de simple avec de l'action dans un univers facilement abordable.