12 novembre 1918. Un jour très particulier, en cela qu'il est le premier jour de paix après la Grande Guerre qui a secoué l'Europe. Le premier jour pour se reconstruire après avoir vécu tant d'horreurs... C'est en tout cas ce que va essayer de faire Julien, soldat français qui vient de faire la rencontre de Max, soldat allemand de son état, qui cherche un moyen de transport pour rentrer dans sa région...
Avec la paix, ce sont les armes de tous les soldats qui sont déposées. Un stock particulièrement imposant, qui pourrait intéresser bien des conflits, encore, dans le monde... Pour l'heure, après une première escale parisienne qui aura permis à Julien de reprendre goût à l'humanité, c'est au port de Rouen que l'on retrouve Max et Julien. L'Allemand est là pour affaires, à n'en pas douter. Et sans doute par rapport à ce navire qui est étroitement surveillé, à l'entrée du port...
Bientôt, Julien se retrouve dans le navire en question, après que Max et les siens ont pu y entrer. Là, le capitaine du navire, un homme basané et plein d'expérience, sera capable d'emmener le navire avec sa cargaison autour d'Hambourg, afin d'apporter une aide en armes sur un conflit qui secoue encore la ville. Mais Julien fait une rencontre surprenante en visitant les cales du navire... Il y a là une passagère clandestine, une femme mexicaine qui a tout d'une combattante... Une femme qui oblige le navire à se diriger non pas vers Hambourg, mais vers le Mexique, où le révolution gronde...
Après les quatre tomes de Notre mère la guerre, c'est avec un plaisir non dissimulé que l'on retrouve Kris et Maël dans une nouvelle série produite ensemble. Le dessinateur de L'encre du passé (chez Dupuis) fait encore des merveilles avec cette nouvelle production. Quel plaisir de retrouver des couleurs qui tirent dans l'ocre, et qui font toujours autant mouche ! C'est encore une fois inimitable, dans un style à la fois haché et épuré, encore une fois avec des rendus de couleurs qui sont tout simplement uniques.
Le scénario de Kris, de son côté, est volontairement plutôt lent. Le scénariste laisse ses personnages se livrer à nous naturellement, empruntant volontiers une voix off pour nous raconter le contexte à nouveau particulier de cette série. Nous sommes ici loin de Brest (référence à Un homme est mort, mais aussi au récent Nuit noire sur Brest, du même scénariste, tous deux chez Futuropolis) et pourtant, l'auteur breton est parfaitement à l'aise. Kris signe ici une histoire crédible et intéressante, dans la droite lignée de Notre mère la guerre. Le contexte historique, même s'il est moins évident et moins connu, est toujours aussi présent, et nul doute qu'on a hâte de connaître la suite de cette série, qui se déroulera au Mexique, dans des terres toutes autres donc que ce que ces auteurs ont l'habitude de nous présenter.
Notre Amérique est ainsi une nouvelle série prometteuse, qui démarre sur ce qui reste de l'Europe et du monde. Vivement la suite !