Les Chroniques de l'Imaginaire

Les veilleurs - Willis, Connie

Les Veilleurs est un recueil de nouvelles de Connie Willis. Toutes ont été primées.
Elles racontent des histoires bien différentes, mais nous permettent de découvrir toute l'étendue du talent de l'auteure.
On va y retrouver les voyageurs dans le temps chers à Connie Willis, mais aussi Londres et son métro, les médiums charlatans, les animaux, sa connaissance des chants de Noël.
Après chaque nouvelle, l'auteure explique en quelques lignes pourquoi et comment elle a écrit cette histoire, ce qui apporte un éclairage très intéressant et on comprend mieux ainsi ses obsessions.
Son écriture est très agréable à lire, fluide, dynamique, vivante. Comme ce sont des nouvelles assez longues, on a le temps de s'imprégner de l'atmosphère, de l'ambiance, d'apprécier la subtilité des personnages et des rebondissements.
Certaines nouvelles sont, à mon goût, meilleures que d'autres, mais toutes sont très bonnes, voire excellentes, avec des thématiques assez surprenantes pour certaines. En fin de livre sont retranscrits les discours de remerciements que l'auteure a faits lors de l'obtention de ses prix littéraires. C'est agréable à lire, original, et on comprend mieux la personnalité de cette auteure prolifique et reconnue.

Une lettre des Cleary
Il s'agit ici d'une nouvelle post-apocalyptique. Une famille survit tant bien que mal dans les décombres. La jeune fille va tous les jours à la poste et trouve un jour une lettre de leurs amis.

Au Rialto
Des scientifiques sont descendus à l'hôtel Rialto pour assister à un congrès. Mais tout est absurde ; pas de chambre réservée, pas de chambre avec le numéro indiqué, des salles de conférences vides...Les absurdités s'enchainent, sans que l'on comprenne vraiment le fin mot de l'histoire. C'est la nouvelle que j'ai le moins aimée, car pas vraiment comprise.

Morts sur le Nil
Trois couples d'amis arrivent en avion en Égypte. Mais tout parait étrange. L'une d'entre eux pense qu'ils sont morts, sans s'en rendre compte. Comme dans un film qui racontait l'histoire de personnes sur un bateau, qui étaient mortes mais ne le savaient pas. Des scènes plus absurdes les unes que les autres vont alors s'enchainer. Cela rappelle un peu trop la nouvelle précédente, par son côté absurde.

Les veilleurs du feu
Préquelle au roman Black-Out. On y retrouve les voyageurs temporels, la fascination de l'auteur pour le Blitz, la cathédrale Saint-Paul à Londres.

Infiltration
Où l'on découvre le monde fascinant des charlatans de la voyance et du spiritisme. Rob est un sceptique professionnel. Il rédige une revue dans laquelle il écrit des articles tentant de confondre les charlatans. Son employée, Kildy, une ex-actrice magnifique, l'aide. Tous deux vont essayer de confondre Ariaura qui semble servir de canalisatrice non seulement à Isus, mais aussi, à son insu, au grand journaliste H.L. Mencken, qui était lui-même un grand sceptique.
Très instructif et passionnant.

Même sa Majesté
Une femme apprend que sa fille veut rejoindre le groupe des Cyclistes. La famille est bouleversée et tente de faire changer d'avis la jeune fille. La particularité des Cyclistes est qu'elles refusent le cathéter et prônent la liberté et la nature. Elles veulent avoir leurs règles tous les mois, comme avant la Libération. Sujet vraiment original et traitée avec brio par l'auteure.

Les vents de Marble Arch
Pendant que Cath, sa femme, court les magasins de Londres à la recherche éperdue d'un service en porcelaine assorti au sien, son mari prend le métro. Dans certaines stations, un courant d'air violent, chargé d'odeurs fortes, le surprend. Mais il semble qu'il soit le seul à le ressentir. Cela l'intrigue et il va passer la journée entière dans toutes les stations de métro, jusqu'à ce qu'il comprenne que ce courant d'air chargé d'histoire est lié au Blitz et à ce qui s'est passé dans le métro pendant la Seconde Guerre mondiale.
Intéressant, mais l'énumération incessante des nombreuses stations de métro londoniennes n'était peut-être pas indispensable.

Tous assis par terre
Des extraterrestres sont arrivés. Ils sont six, ne disent pas un mot, ne s'expriment pas, hormis un regard très noir et sombre que tout le monde redoute. L'équipe scientifique qui a leur charge ne sait pas comment les faire réagir et les promène donc un peu partout. Jusqu'à ce qu'un jour, dans un centre commercial, en écoutant des chants de Noël, ils s'assoient.
Surprenant, amusant, mais comme pour la nouvelle précédente, ici c'est la liste interminable des chants de Noël qui peut être un peu lassante.
Malgré ce petit inconvénient, c'est une lecture agréable. Je garde un bon souvenir de ces étranges Altaïriens !

Le dernier des Winnebagos
Le Winnebago est un camping-car. Mais les camping-cars sont interdits, car ils consomment trop d'essence. De même, l'eau est rationnée dans ce monde futur. Et tous les chiens de la planète ont été décimés par un virus. Il n'en reste plus un seul. Aussi, lorsque le personnage principal croise sur la route un chacal écrasé, les événements vont se précipiter. Cela va en effet lui rappeler comment son chien est mort, le dernier chien sur Terre.
Quels sont les liens entre le chacal, les propriétaires du Winnebago qui font visiter leur camping-car contre rémunération, le narrateur, son chien mort 15 ans plus tôt ? Il faudra la lire pour comprendre !