Samantha et Sam forment un couple qui semble marcher depuis pas mal de temps, à travers des paysages souvent désertiques. Le couple semble harassé de fatigue et presque à bout de moyens, dans un monde qui a tout d'apocalyptique... Sam évoque l'argent qu'ils ont dérobé sur un cadavre, avant d'arriver, enfin, dans une petite ville. Là, ils vont pouvoir se reposer dans un étrange motel, avant d'aller plus loin dans leur voyage...
Mais les gens, dans cette ville, sont plutôt étranges, en plus d'être d'une grande curiosité. Le réceptionniste de l'hôtel saigne, de façon effrayante, en leur remettant la clé de la chambre. Mais la nuit est calme et reposante. Enfin, Sam et Samantha vont pouvoir rencontrer un homme, un passeur, à qui ils vont pouvoir remettre tout l'argent qu'ils possèdent. Leur objectif est de gagner une ville appelée Paradize, qui accueille très peu d'élus. Mais la rencontre avec le passeur se passe mal : ce dernier prétend que l'argent présenté est le prix du passage pour une personne, et pas d'un couple. Alors, Samantha est gardée en otage, le temps que Sam parvienne à remettre la main sur de l'argent...
Ainsi, Sam se retrouve seul, au milieu de cette ville désolante, au milieu du désert... Bientôt, il suit un groupe de voyageurs, en route pour Paradize, comme lui. Sam les suit jusqu'au point de passage, et assiste, impuissant, à leur exécution alors même qu'ils avaient tous parfaitement payé leur passage... Sam se rend compte qu'il a eu la vie sauve. Il ne reste maintenant qu'à retrouver Samantha, qui est maintenant aux mains de cette bien lugubre organisation... Et si Sam devenait à son tour le nouveau passeur, ne pourrait-il pas infiltrer plus efficacement la dite organisation ?
Hermann (au dessin) et Yves H. (au scénario) sont père et fils, et ils sont déjà bien loin d'en être à leur coup d'essai, y compris dans la magnifique collection Aire Libre de chez Dupuis... Notamment, nous avons eu le plaisir de découvrir Station 16, de ces deux auteurs. Un one-shot qui était marquant, et qui finalement se rapproche, sous certains angles, de ce Le passeur qui paraît ces jours-ci.
D'abord, les dessins de Hermann (estampillés Grand prix Angoulême 2016 avec un sticker prévu à cet effet) gardent leur côté inimitable. Les personnages sont ainsi d'emblée réussis et attachants, et les décors apocalyptiques sont superbes, notamment avec ces couleurs et ces cieux qui nous emmènent immédiatement en voyage. Le récit de Yves H. est, lui, glauque à souhait : c'est noir, le désespoir suinte littéralement de chacune des pages, ce qui est parfaitement adapté avec l'histoire que les auteurs nous proposent.
Hermann et Yves H. nous invitent à ce qui s'apparente tantôt à un western, tantôt à un thriller, le tout conté dans un huis-clos particulièrement flippant et efficace. Un one-shot parfaitement maîtrisé d'un bout à l'autre, qu'on ne peut que recommander aux amateurs d'histoires sombres et glauques !