Kasane est sur scène dans le rôle de Salomé d’Oscar Wilde. Sous les traits de Nina, elle interprète à la perfection ce rôle de composition.
Dessiner une scène de théâtre en version manga doit être quelque chose de difficile à illustrer. Le texte profond et lyrique, le jeu d’acteurs qui se fond au personnage, tout cela peut être transposé sur le papier mais comment faire passer l’émotion que cet art transmet ? Matsuura s’y essaie avec brio, l’image d’être transportée dans un autre lieu, un autre temps, est parfaitement trouvée et retranscrite. On s’y croirait.
Kasane donne la réplique à Nobuhiko. Ce dernier fut subjugué la première fois qu’il vit Kasane sur scène et surtout après la représentation : elle était tellement dans son rôle qu’elle ne pouvait en décrocher bien qu’arrivée en loge.
Nogiku, la demi-soeur de Kasane, est séquestrée par un père tortionnaire et violent, qui s’est débarrassé de Kasane quand elle était encore enfant. Ce père découvrant à l’écran l’interprète de Salomé croit voir en elle Sukeyo Fusai, l'actrice de légende. Une nouvelle fois violentée par son père, Nogiku se rebelle. Elle décide alors de se lancer à la recherche de la sœur.
Ce quatrième opus de Kasane, la voleuse de visage voit apparaître le personnage de Nogiku, la demi-sœur de Kasane. D’une grande beauté, Nogiku est tourmentée, ne supporte pas la vue du théâtre, où tout est imposture et masque. La comparaison entre vol de visage et jeu de masque au théâtre est la base de l’intrigue, une parabole exploitée à souhait par l’auteur.
Avec l’arrivée de ce nouveau personnage, Matsuura continue de donner de la profondeur à l’histoire de Kasane. De même, dans les planches, l’auteur va plus loin dans les détails, comme avec une page de tête de chapitre sous forme de carte postale de bord de mer, ou dans l’expression des émotions avec des images pastellisées. Avec un tel travail de qualité, on comprend pourquoi Kasane, la voleuse de visage a été nominé en 2015 pour les Taisho Awards et le prix du manga Kodansha.