Les Chroniques de l'Imaginaire

Epilogue meurtrier (Une enquête de Kostas Charitos - 4) - Markaris, Petros

La Grèce ne va pas bien, tout le monde le sait. La situation vient de prendre une tournure très personnelle pour le commissaire Charitos et sa famille. Son avocate de fille, Katérina, a été agressée sur le parvis du tribunal d'Athènes par deux brutes. Elle a été tabassée dans l'indifférence la plus totale, même les gardes du tribunal n'ont pas bougé, car elle défend des Noirs dont le magasin a été saccagé. Les assaillants sont des membres de l'Aube dorée, ça ne fait aucun doute, mais le plus dur pour la police sera de pouvoir les confondre.
A côté de ça, des Grecs des années cinquante revendiquent le suicide d'un entrepreneur gréco-allemand...

Je lis rarement de la littérature grecque. Pour cette raison, Epilogue meurtrier a été intéressant sur plusieurs points mais avec un lancement plutôt agaçant au niveau des noms et prénoms des personnages : souvent longs et complexes à retenir.

On sent que l'auteur, Petros Markaris, aime son pays et sa culture, tout en gardant les yeux ouverts sur sa situation actuelle, déplorable pour de nombreuses raisons. L'atmosphère étouffante sous la canicule athénienne, le lecteur y est directement propulsé. On circule dans des rues vides de circulation à cause du coût des véhicules et on rencontre des Grecs et des immigrés frappés de plein fouet par la crise économique, le manque de travail, la faillite de l'éducation publique, la corruption, la haine de l'autre, la brutalité des réformes et les rancœurs du passé. Markaris développe et commente son environnement social et la vie quotidienne de la classe moyenne grecque.

Toutefois, si l'univers est réussi, l'enquête et le scénario manquent de profondeur. Ils ne sont présents que pour supporter cette tranche de vie transversale à la grecque. Même si le style est plaisant à lire et que les chapitres courts donnent du tonus au récit, celui-ci pèche par quelques erreurs ridicules à notre époque (la fameuse douille de revolver sur les scènes de crime ou l'incroyable Ford Laguna), ainsi qu'une fin brusque (dénouement sorti d'un chapeau à la dernière minute) peu compréhensive et cohérente.

En conclusion, cet Epilogue meurtrier est à lire pour sa présentation éclairée de la Grèce d'aujourd'hui, pas pour ses qualités de polar.