Les Chroniques de l'Imaginaire

Les innocents - Pobi, Robert

New-York et ses huit millions et demi d'habitants sont écrasés sous la chaleur. La canicule estivale met tout le monde à cran. Et dans ce cas, c'est toujours les plus fêlés qui sortent du lot.

Flottant dans l'East River, le corps sans vie d'un garçon de dix ans est retrouvé par la police. Le gamin a les pieds tranchés à la scie. Le coroner conclut que l'enfant était en vie au moment de la découpe.
L'inspectrice Alexandra Hemingway est mise sur l'affaire par sa hiérarchie. La traque commence, mais l'animal est intelligent et a plusieurs coups d'avance...

Robert Pobi nous propose avec Les innocents un polar bien gore, sa version de la chasse à un tueur en série insaisissable. Disons le tout de suite, ce bouquin est globalement bien écrit et bien composé. Pobi crée le suspense et pousse sans effort le lecteur à tourner toujours plus vite les pages de ce livre. Il s'inspire énormément du monde télévisuel ou cinématographique actuel pour mettre en place son intrigue, la développer et, surtout, pour sa mise en scène. C'est réussi, même si pas mal de séquences ont un côté artificiel.
Car, oui, cela rend le rythme du récit particulièrement rapide, d'autant qu'on saute de chapitre bref en chapitre court, mais ce qui passe très bien en images animées laisse, ici, l'impression que Pobi triche avec nous.

Dans la même veine, le style d'écriture, efficace, sonne très américain. Normal, me direz-vous, l'histoire se déroule à New-York. Exact, mais on est loin d'un Lehane ou d'un Ellroy. Il sied plus à une série US proprette du genre NCIS ou Les experts qu'à une traque bien gore après un mystérieux tueur. Il n'a pas suffisamment de piquant, il manque de poigne. D'autant que Pobi abuse de quelques gimmicks d'écriture agaçants. Ce qui m'amène à un autre défaut, subjectif, de ce récit. L'aspect gore est tellement bourrin qu'après le premier gamin découpé vivant à la scie, ça ne fait plus aucun effet.

De plus, cet ensemble rend le roman complètement froid. Les innocents ne m'a jamais fait frissonner, ni même mis mal à l'aise, au contraire des thrillers de Sire Cédric ou de films comme Seven.
Techniquement, ce bouquin est bien réalisé. Les personnages occupent leur rôle à merveille, leur description et leur caractère sont en adéquation avec l'histoire qu'ils portent. Les différents éléments du scénario se suivent et s'enclenchent avec une précision chirurgicale et le lecteur obtient, à la fin, une réponse à toutes ses interrogations (toujours un bon point pour un polar à énigmes). Mais cette belle mécanique, huilée à la perfection, manque d'âme. J'ai eu du mal à être touché par les événements et à être pris dans son ambiance, malgré le suspense (clairement présent) dont Les innocents est doté.

Enfin... un lecteur habitué et expérimenté devrait quand même trouver la solution de l'intrigue (bien élaborée et distillée, j'insiste) avant le dernier assassinat et les enquêteurs.

En conclusion, ce polar de Pobi est bon sur la méthode, difficile à lâcher avant la dernière page mais je ne lui ai trouvé aucun charme.