008 s'est fait dessouder. 007 est sur une mission de vengeance. La réplique du MI6 est toujours sèche. Brutale. Le tueur tombe, 007 reprend les dossiers chauds de son défunt collègue. Il y en a un en particulier qui brûle les doigts de M et de l'establishment britannique. Quelque part sur le continent, un labo fabrique une nouvelle poudre magique - du genre one-shot - et fournit uniquement le marché insulaire. La première piste envoie Bond à Berlin.
Dans ce gros comic au nom imprononçable, Ellis et Masters nous proposent leur vision du plus fameux agent de renseignement de Sa Majesté. Il est méchant, dangereux et hargneux. Leur James Bond est un assassin de la section double zéros. L'agent qui accomplit le sale boulot de la reine en abattant un travail de boucher.
Ellis le propulse dans une enquête internationale mêlant complot et vengeance avec une pointe de science-fiction. A partir de ce point, il faut considérer que l'album a deux lectures potentielles.
Si vous envisagez de voir ce comic book comme un James Bond de film (n'ayant jamais lu les romans de Fleming, je ne peux me positionner par rapport à eux), vous risquez d'être extrêmement déçu. L'histoire est vide, le scénario tient sur du papier de cigarette consumé, James Bond n'a aucun charme, l'ambiance est à des années lumières de ce qu'on peut voir dans les films (toutes époques confondues) et, surtout, vous voudriez d'un Bond américanisé ? Moi non plus.
Le choix des acteurs, l'atmosphère, le dessin et le mouvement de ce comic font US. Ce n'est pas le fait de le mettre au volant d'une Bentley sur deux cases ou de montrer l'Union Jack qui changera quelque chose. Q, malgré sa tête à la John Cleese, est insipide, il n'y a aucun personnage féminin intéressant (Moneypenny, c'est un caméo) et, franchement, à quoi ça sert de retirer le pistolet de service de Bond si c'est pour lui rendre dès qu'il en a besoin pour faire des gros trous?
D'un autre côté, si vous oubliez le titre, le nom du personnage principal et sa gueule à la Pierce Brosnan balafrée, vous avez un thriller d'action nerveux à l'histoire simple mais prenante et correcte. Entre deux scènes gores de crânes explosés (avec vision radiographique de squelette brisé, façon jeu vidéo), on ne s'ennuie pas. L'approche graphique de Masters souligne et soutient ce récit précis et percutant dans une mise en scène millimétrée, malgré un léger manque de constance dans son trait.
Mais bon, si vous achetez une bande dessinée nommée James Bond, est-ce vraiment ce que vous cherchez ?