Quelque part en France, de nos jours... Rose est une jeune fille qui possède, depuis toute petite, un pouvoir un peu particulier. Elle est capable de quitter son corps, et de promener ce qu'on pourrait appeler son âme dans les environs... Rose fait cela souvent, c'est assez naturel pour elle, même si elle sait qu'il s'agit là d'un don exceptionnel.
Mais pour l'heure, don ou pas, Rose doit faire face à la mort de son père, un détective privé qui disposait d'un certain renom local, mais dont Rose était assez éloignée depuis plusieurs années, notamment depuis la mort de sa mère. A présent, Rose gère de loin l'enterrement, en laissant notamment une vieille voisine organiser les choses, et elle doit à présent gérer les affaires courantes de son père, lequel a été assassiné. C'est un autre détective qui montre une photographie à Rose. Une photographie qui rappelle quelque chose à la jeune fille...
Et pour cause ! Rose travaille dans un musée local, qui expose des tableaux. Sur l'un d'eux, un cadavre qui ressemble comme deux gouttes d'eau à son père sur la photo... Mais il y a bientôt bien plus étrange : en se dédoublant dans la maison qui appartenait à son père, Rose fait la connaissance de trois êtres qu'on peut bel et bien appeler des fantômes. Ces derniers sont amicaux : Wanda, Bob et Achille sont morts en tant que locataires dans cette maison, et il s'avère qu'il leur est impossible de quitter la bâtisse, ne pouvant que tourner en rond dans leurs chambres depuis maintenant près de vingt ans... Reste à savoir maintenant pourquoi ces trois êtres, foncièrement gentils et affables, ont à subir une telle malédiction...
C'est Emilie Alibert et Denis Lapière (Le convoi, Les Tuniques Bleues, La Peur Géante...) qui sont au scénario de ce premier tome de Rose, qui paraît aux éditions Dupuis. Les dessins et la couleur sont ici confiés à Valérie Vernay, et c'est avec bonheur qu'on retrouve le style doux et reposant de la dessinatrice d'une très belle série comme La Mémoire de l'eau, dont les deux tomes étaient également parus chez Dupuis en 2012.
Les dessins sont ici magnifiques : c'est beau, centré sur des personnages travaillés qui sont complètement attachants, et ce très rapidement. Les couleurs, douces et savamment discrètes, soulignent parfaitement les traits sans en faire des tonnes, ce qui est parfaitement appréciable pour suivre ce récit teinté de fantastique !
Car s'il est question de fantômes et d'âme capable de quitter le corps, on reste dans un univers maîtrisé, qui ne renie pas le polar, voire la tranche de vie. Denis Lapière et Emilie Alibert prennent le temps de nous présenter les différents protagonistes, et cela est vraiment appréciable dans le premier tome de ce triptyque. On se surprend à tourner les pages sur un faux rythme, et à complètement être absorbés dans ces pages : suivre Rose et ses avancées dans la découverte du passé de son père est intéressant, presque jouissif. Signe que ce premier tome est tout simplement une franche réussite.
Je n'ai qu'une seule chose à dire : vivement la suite, et c'est presque toute la famille qui l'attend !
