A Londres, Blake mène l'enquête. Des gentilshommes de valeur se font détrousser et tabasser dans les parcs une fois la nuit tombée.
A Venise, la réception du marquis Da Spiri est chahutée. Un paquebot de touristes se frotte à ses fondations et déclenche un mécanisme oublié de tous. Une porte s'ouvre dans les caves du palais. Devant un homme qui attend patiemment depuis des siècles.
Je ne vais pas tourner autour du pot, ce dernier tome de Blake et Mortimer m'a laissé sur ma faim. Cette enquête autour de l'histoire de Shakespeare m'a déplu. D'ailleurs, lors de ma lecture, j'ai franchement eu l'impression que je n'étais pas le seul.
Blake et Mortimer m'ont paru mous. Ils avaient l'air fatigués. Peut-être démotivés par une intrigue qui ne les bottaient pas plus que moi, lecteur ? Il n'y a qu'Olrik qui, du fond de sa cellule, a eu l'air de s'amuser. En règle générale, j'aime bien le travail de Sente, l'atmosphère british, surannée, un peu guindée, qu'il distille dans ses scénarios de Blake et Mortimer. Mais là, ce Testament de William S. est verbeux à l'excès.
On se sent englué dans un récit qui ne décolle jamais, où trop d'informations (historiques, littéraires, artistiques) sont balancées dans l'intrigue. Peut être que l'histoire aurait dû être simplifiée, pour sa lisibilité et son rythme ?
Pourtant, l'idée de base derrière cette album est bonne et convient bien à la série. Est-ce que William Shakespeare a existé ?
Yves Sente dit avoir eu l'inspiration pour ce scénario en regardant un documentaire sur Arte où de vieux professeurs d'université en tweed s'insultent joyeusement. L'ayant vu également, je vous conseille son visionnage.
De plus, on a le plaisir de voir apparaître deux personnages féminins aux rôles importants et Mortimer, de profiter de la compagnie de la plus jeune ! Ce qui permet, également, aux auteurs de lever le voile sur le passé du barbu écossais.
Ensuite, le principe des enquêtes croisées, l'officielle de Blake et celle du dimanche de Mortimer, est alléchant et, par sa construction, secoue (un peu) un récit plutôt tranquille.
Enfin, du côté de Juillard, un dessinateur que j'apprécie beaucoup, le dessin est impeccable, autant au niveau des personnages que des décors. Son trait, d'une apparente simplicité, est parfait dans la représentation précise des formes et des mouvements, dans la lignée de Jacobs. Le meilleur exemple pour cet album est la sublime 250 Testa Rossa, quoi de mieux pour voyager en Italie...
Bref, Le testament de William S. est un épisode de Blake et Mortimer moyen. Bien que partant d'une idée intéressante et étant joliment mis en images, il pèche par sa lourdeur et son manque de tension dramatique, un comble pour William S. !