Les Chroniques de l'Imaginaire

La fille du papillon - Mulpas, Anne

Solveig est une adolescente pas tout à fait comme les autres. Solveig, c'est la fille du papillon. Le papillon, c'est son père, devenu ainsi depuis la mort de sa mère. Dans la vie de Solveig, il n'y a que deux choses, son père, et la Ni, son amie-âme sœur. Solveig est tout sauf fleur bleue. Le girly et les dentelles, c'est pas pour elle. Et pourtant... Pourtant un jour, elle va commencer un journal intime à sa manière à elle. Parce qu'un jour, "le Monde" va faire dans sa vie une entrée tonitruante !

Voici un ouvrage assez déconcertant. Le style d'écriture, la typographie, l'équilibre même du récit peuvent paraître perturbants. Et puis on se rend compte que ce que nous avons sous les yeux, ce n'est ni un livre ni un journal intime, c'est de l'émotion à l'état pur. Un peu comme lorsque l'on ne sait pas comment dire certaines choses, alors on écrit, pour que les choses nous paraissent plus claires, même si ce n'est pas toujours efficace.

On sent parfaitement tout au long de l'ouvrage l'expérience atypique de l'auteur, entre le théâtre et les ateliers d'écriture pour les jeunes. Le mélange est assez détonnant.

C'est un ouvrage vite lu, écrit efficacement, avec finalement la sensation que l'on ne connait réellement que Solveig. C'est rythmé et profondément prenant. Quelque part, c'est un morceau de vie dans lequel chacun peut se reconnaître, une part d'adolescence, d'amour, de désespérance, de vie en somme. Juste de vie. Si l'on est un peu écorché, c'est réellement très très efficace. Si ce n'est pas le cas, je doute malgré tout que l'on n'apprécie pas la finesse des sentiments, dissimulés sous le poids de l'adolescence.

A lire par les ados pour mieux comprendre leurs parents parfois, à lire par les parents pour essayer d'être en phase avec leurs ados.

Je reste avec l'envie de savoir ce que deviendra Solveig : sauvera-t-elle son amitié avec la Ni, sa complicité avec son père ? Que donnera sa vision du "monde" ?

On a envie de le savoir bien sûr, mais une suite est certainement inenvisageable... Il faut aussi parfois que la lecture laisse en nous cette part de rêve qui nous fait ouvrir le livre...